En janvier 2025, SpaceX accomplira un autre exploit en envoyant non pas un, mais deux atterrisseurs lunaires vers la Lune à bord de la même fusée Falcon 9. Ce lancement historique est le fruit d’une collaboration entre deux entreprises privées, à savoir la société japonaise ispace et la compagnie texane Firefly Aerospace. Ces missions visent à poser sur la surface lunaire des atterrisseurs innovants, chacun avec ses objectifs scientifiques et technologiques.
Ispace : une nouvelle tentative avec l’atterrisseur Resilience
La société ispace, une start-up japonaise spécialisée dans les missions lunaires, fera une deuxième tentative d’atterrissage sur la Lune avec son atterrisseur Resilience. En avril 2023, la première mission avait échoué après une erreur de capteur lors de l’atterrissage de l’atterrisseur Hakuto-R. Cette fois, Resilience est un modèle amélioré, conçu pour une mission ambitieuse. Il atterrira sur Mare Frigoris, une vaste plaine basaltique située au nord de l’équateur lunaire. Ce site a été choisi pour sa stabilité et sa grande surface plate propice à l’exploration.
Le principal objectif de cette mission est de tester de nouvelles technologies avec notamment cinq charges utiles à bord. Parmi elles, un électrolyseur d’eau, un module expérimental de production alimentaire et une sonde de rayonnement dans l’espace lointain. L’une des principales missions de Resilience sera également de déployer Tenacious, un microrover développé par la filiale luxembourgeoise d’ispace. Ce rover de petite taille (26 cm de haut) aura pour mission de collecter des échantillons de sol et de gravier lunaires dans le cadre d’un contrat avec la NASA.
Si tout se passe bien, Resilience pourrait non seulement accomplir ses objectifs scientifiques, mais aussi marquer un jalon dans le développement de l’économie lunaire, à laquelle ispace aspire à jouer un rôle de leader.
Firefly Aerospace : Blue Ghost et les objectifs pour la NASA
En parallèle, Firefly Aerospace, une société basée au Texas, lance son propre atterrisseur lunaire à bord de la même Falcon 9 de SpaceX, nommé Blue Ghost. Ce dernier transportera dix instruments scientifiques et technologies destinées à des démonstrations sur la Lune. Cette mission fait partie du programme Commercial Lunar Payload Services (CLPS) de la NASA qui soutient l’envoi de charges utiles sur la Lune grâce à des partenariats privés. Blue Ghost atterrira dans Mare Crisium, un bassin basaltique situé à environ dix-sept degrés au nord de l’équateur lunaire.
L’atterrisseur Blue Ghost aura pour mission de réaliser plusieurs expériences importantes, dont l’exploitation des charges utiles pendant une journée lunaire complète (environ quatorze jours terrestres). Après avoir accompli ses opérations, il capturera des images du coucher de soleil lunaire et fournira des données essentielles sur la manière dont le régolithe lunaire réagit à l’exposition solaire pendant la période crépusculaire. Une fois la journée lunaire terminée, Blue Ghost continuera à fonctionner pendant plusieurs heures dans l’obscurité de la nuit lunaire. Ces observations devraient permettre d’en apprendre davantage sur l’environnement extrême de la Lune et son impact sur les équipements scientifiques.
Un tournant pour l’exploration lunaire privée
Ce lancement prévu en janvier 2025 avec SpaceX marque une étape importante dans l’exploration de la Lune, particulièrement pour les entreprises privées. Jusqu’à présent, seul Intuitive Machines, un autre acteur privé, a réussi à poser un atterrisseur sur la Lune, avec Odysseus, en février dernier. Ce vol sera donc l’occasion de prouver que des entreprises comme ispace et Firefly Aerospace sont aussi prêtes à prendre le relais des agences gouvernementales dans la conquête de notre satellite naturel.
L’envoi de deux atterrisseurs sur la Lune dans le même lancement est également une première, ce qui démontre non seulement les capacités techniques de SpaceX, mais aussi la manière dont la collaboration entre entreprises privées transforme l’exploration spatiale. Cette initiative ouvrira la voie à de futures missions commerciales et à un développement de l’industrie lunaire, dont les possibilités sont aujourd’hui considérées comme quasi illimitées, notamment avec les ambitions de la NASA pour établir une présence permanente sur la Lune à travers son programme Artemis.
