En France, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) espère récupérer 8,75 TWh de chaleur fatale d’ici à 2028, notamment en provenance des datacenters. Cependant, ces infrastructures sont loin d’être les plus prometteuses en la matière.
Une ressource non négligeable
Pour rappel, la chaleur fatale n’est autre que la chaleur perdue, c’est-à-dire celle qui s’échappe dans l’air sans être utilisée. Or, de nombreux équipements produisent énormément de chaleur fatale, notamment les usines, les datacenters, les incinérateurs de déchets ainsi que les stations d’épuration. Et si nous transformions cette chaleur en ressource durable ?
Dans un monde où l’intelligence artificielle prend de plus en plus d’ampleur, les datacenters ont une importance cruciale. Ces monstres de calcul sont très énergivores, mais génèrent également une quantité énorme de chaleur fatale. Récupérer cette énergie est donc une idée plutôt bienvenue, si bien que certains projets pilotes sont en cours. Des initiatives permettent déjà de chauffer des piscines et des bâtiments grâce aux centres de données, notamment en France et au Royaume-Uni. Toutefois, d’autres projets pourraient aussi servir le même objectif.
Les ambitions de la France dans ce domaine
Dans un fascicule publié en 2023, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) expliquait que la récupération de la chaleur fatale est déjà effective en France. « La chaleur fatale (également appelée ‘chaleur de récupération’) est la chaleur générée par un procédé dont l’objectif premier n’est pas la production d’énergie, et qui de ce fait n’est pas nécessairement récupérée. C’est en raison de ce caractère inéluctable qu’on parle de ‘chaleur fatale’. Cependant, cette chaleur fatale peut être récupérée et valorisée », peut-on lire dans le document.
Si elle représentait déjà 5 TWh par an en 2020, la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE) a pour objectif d’atteindre les 8,75 TWh d’ici à 2028, soit une augmentation de 75 %. Néanmoins, la ressource reste sous-exploitée malgré des coûts de production situés entre vingt-cinq et trente euros par MWh.

Les datacenters, mais pas seulement
L’ADEME a rassemblé les gisements de chaleur fatale des datacenters, des usines d’Incinération des Ordures Ménagères (UIOM) et des stations d’épuration des eaux usées (STEP) pour un total de 8,4 TWh par an. Or, les datacenters représentent 43 % des sources de chaleur fatale exploitables de ce total, les UIOM 53 % et les STEP, 5 %. Qu’il s’agisse des centres de données ou d’autres infrastructures à fort potentiel, la récupération de la chaleur fatale pourrait permettre une diminution non négligeable de la dépendance aux énergies fossiles.
Cependant, il est essentiel de souligner que la plus importante source de chaleur fatale se trouve du côté de l’industrie avec pas moins de 109,5 TWh par an, soit treize fois plus que les datacenters, les UIOM et les STEP combinés. Les secteurs industriels les plus prometteurs sont l’agroalimentaire, les usines chimique et plastique ainsi que les infrastructures de fabrication des papiers et cartons.