Lorsqu’on imagine une carte du monde, une image bien précise nous vient à l’esprit : l’Amérique du Nord et l’Europe en haut, l’Amérique du Sud et l’Océanie en bas. Mais pourquoi cette orientation particulière ? Il s’agit d’un standard que nous trouvons sur la plupart des cartes, mais cela n’a pas toujours été le cas. La façon dont nous représentons le monde sur une carte est en réalité le fruit de choix historiques, culturels et technologiques.
L’orientation traditionnelle des cartes
Dans l’Antiquité, les cartes du monde n’étaient pas toutes orientées de la même manière. Au contraire, la direction vers le haut était très variable, influencée par des facteurs géographiques, culturels et même religieux. Par exemple, les Égyptiens, qui vénéraient le Nil comme source de vie, avaient l’habitude de placer le Sud en haut de leurs cartes, car c’est de là que provenait le fleuve. De même, dans d’autres cultures anciennes, la direction de l’Est était souvent privilégiée, car elle symbolisait le lieu d’origine du Soleil et, par extension, un endroit sacré.
En Europe médiévale, cette orientation vers l’Est était aussi très répandue. Les cartes médiévales mettaient souvent Jérusalem au centre et l’Est était placé en haut, non seulement pour des raisons géographiques, mais aussi religieuses. Pour les chrétiens de l’époque, regarder vers l’Est était un geste symbolique en lien avec la Jérusalem biblique qui était considérée comme le centre du monde.
Ainsi, avant l’ère moderne, le Nord n’avait pas une place prédominante sur les cartes. Les civilisations choisissaient leurs orientations en fonction de leurs besoins ou croyances particulières.

Le tournant avec la carte de Mercator
Ce n’est qu’au 16e siècle, avec l’émergence de la cartographie moderne, que le Nord s’est imposé comme la direction en haut des cartes. La figure clé de ce changement fut Gerardus Mercator, un cartographe flamand qui, en 1569, publia sa célèbre carte du monde. Elle avait pour objectif de faciliter la navigation en mer en représentant de manière précise les routes maritimes, notamment les lignes de rhumb, c’est-à-dire les trajets marins à cap constant. Pour ce faire, Mercator choisit de placer le nord en haut, une décision qui allait non seulement révolutionner la cartographie, mais aussi s’imposer progressivement à travers l’Europe.
Sa décision de placer le Nord en haut n’était pas uniquement une question de géographie, mais également un choix pratique. À l’époque, les explorateurs et les marins utilisaient des instruments comme la boussole, qui indique le nord magnétique, pour s’orienter en mer. Cela renforça l’idée que le Nord devait être la direction de référence sur les cartes.
De plus, l’étoile Polaire, bien connue des navigateurs depuis l’Antiquité, jouait également un rôle essentiel. Elle permettait aux marins de se repérer dans l’hémisphère Nord, renforçant ainsi l’idée que le Nord devait être placé en haut des cartes. Ainsi, la boussole et l’étoile Polaire ont été des facteurs clés qui ont contribué à la standardisation de cette orientation.

Une nouvelle approche à l’ère moderne
Aujourd’hui, à l’ère de la technologie, l’orientation des cartes a évolué avec l’arrivée des systèmes de navigation modernes. Les cartes numériques, comme celles utilisées dans les GPS et les applications de navigation, n’ont plus une orientation fixe. Elles s’adaptent en fonction de notre position et de notre direction de déplacement. Ainsi, il n’est plus nécessaire que le Nord soit systématiquement en haut : l’orientation des cartes devient dynamique et est fonction de notre propre mouvement.