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Pourquoi le confinement inertiel est essentiel à l’énergie de fusion nucléaire

Pourquoi le confinement inertiel est essentiel à l’énergie de fusion nucléaire

  • vendredi 28 février 2025
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L’humanité est en quête d’une source d’énergie propre, durable et abondante. Face aux limites des combustibles fossiles et aux défis posés par les énergies renouvelables, la fusion nucléaire s’impose comme une alternative prometteuse. Ce processus naturel, qui alimente le Soleil et les étoiles, pourrait révolutionner notre manière de produire de l’électricité en offrant une énergie décarbonée, sûre et inépuisable. Cependant, le maîtriser sur Terre n’est pas une mince affaire. Pour déclencher cette réaction, il faut reproduire des conditions extrêmes de température et de pression pour permettre aux noyaux d’hydrogène de fusionner. C’est ici qu’intervient le confinement du plasma, une étape essentielle pour obtenir une réaction soutenue et productive. Parmi les méthodes existantes, le confinement inertiel se distingue comme l’une des solutions les plus prometteuses. Mais en quoi consiste-t-il et pourquoi est-il essentiel ?


Comprendre la fusion nucléaire

La fusion nucléaire est un processus au cours duquel deux noyaux atomiques légers, comme ceux du deutérium et du tritium (deux isotopes de l’hydrogène), s’assemblent pour former un noyau plus lourd. Cette réaction libère une quantité colossale d’énergie sous forme de chaleur.

Comparée à la fission nucléaire actuellement exploitée dans les centrales électriques, elle présente plusieurs avantages majeurs. Tout d’abord, les ressources en carburant sont abondantes : le deutérium se trouve en grande quantité dans l’eau de mer tandis que le tritium peut être produit à partir du lithium. De plus, ce procédé ne génère aucune émission de gaz à effet de serre, ce qui en fait une solution prometteuse pour une production énergétique propre et durable. Contrairement à la fission, la fusion ne produit pas de déchets radioactifs à longue durée de vie et ne présente aucun risque de catastrophe, car elle ne repose pas sur une réaction en chaîne incontrôlable.

Cependant, réaliser la fusion sur Terre est un défi de taille. Pour que cette réaction ait lieu, il est nécessaire d’atteindre des températures de plusieurs dizaines de millions de degrés, recréant ainsi les conditions extrêmes qui existent au cœur des étoiles. Il est également essentiel de maintenir ce plasma à des températures extrêmement élevées suffisamment longtemps afin que les noyaux puissent entrer en collision et fusionner. Sans confinement, le plasma se refroidit rapidement et la réaction s’interrompt avant d’avoir produit une quantité d’énergie exploitable.


Pour cela, deux approches principales sont explorées : le confinement magnétique, utilisé notamment dans le réacteur ITER, et le confinement inertiel qui suscite un intérêt croissant en raison de son potentiel pour une production d’énergie contrôlée et efficace.

Qu’est-ce que le confinement magnétique ?

Le confinement magnétique est une technique utilisée pour maintenir un plasma à très haute température sans qu’il touche les parois d’un réacteur. Il repose sur l’utilisation de champs magnétiques extrêmement puissants qui piègent les particules chargées du plasma et les forcent à suivre des trajectoires en spirale à l’intérieur du réacteur, ce qui évite ainsi toute dispersion.

Les tokamaks, comme ITER, sont les dispositifs les plus avancés utilisant cette approche. Ils ont une structure en forme de tore (un anneau) dans lequel le plasma est maintenu en suspension grâce à des bobines magnétiques. Deux types de champs magnétiques sont combinés : un champ toroïdal, qui suit la courbure de l’anneau, et un champ poloidal, généré par un courant électrique qui circule dans le plasma lui-même. Cette configuration permet de stabiliser le plasma et de le confiner suffisamment longtemps pour que la réaction de fusion puisse se produire.


Cependant, cette méthode présente plusieurs défis techniques. Le plasma est un milieu instable qui a tendance à fluctuer et à s’échapper des lignes de champ magnétique. Pour éviter cela, des ajustements précis sont nécessaires en temps réel. De plus, les parois du réacteur doivent être conçues pour résister aux conditions extrêmes générées par la fusion. Malgré ces défis, le confinement magnétique est l’une des approches les plus prometteuses pour produire une énergie contrôlée et durable, et il est au cœur des recherches menées par ITER ainsi que d’autres projets similaires à travers le monde.

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Vue aérienne d’ITER le 30 août 2021. Crédits : aerovista luchtfotografie/iStock

Le confinement inertiel : un éclair de puissance

Le confinement inertiel repose de son côté sur une approche radicalement différente. Il consiste à comprimer une minuscule capsule de carburant (un mélange de deutérium et de tritium) en lui appliquant une énergie intense sous forme de faisceaux laser ou de particules. Cette compression extrême, qui se produit en une fraction de seconde, élève la densité et la température du carburant à des niveaux si élevés que la fusion nucléaire est déclenchée instantanément.

Le principe du confinement inertiel suit plusieurs étapes clés. Une capsule millimétrique contenant du deutérium et du tritium est d’abord placée au centre d’une chambre à vide. Des lasers ultra-puissants ou des faisceaux de particules frappent ensuite la surface de la capsule, ce qui génère une onde de choc. Sous cette pression colossale, la capsule s’effondre sur elle-même, atteignant une densité et une température extrêmes comparables à celles du cœur des étoiles. Les conditions atteintes permettent alors aux noyaux d’hydrogène de fusionner, libérant une quantité massive d’énergie en une fraction de seconde.


Cette approche est notamment étudiée au National Ignition Facility (NIF) aux États-Unis. En 2022, le NIF a marqué un tournant en obtenant un gain net d’énergie, c’est-à-dire que l’énergie libérée par la réaction a dépassé celle injectée par les lasers. Cette avancée majeure rapproche la fusion inertielle d’une exploitation à grande échelle pour produire une énergie propre et inépuisable.

Pourquoi cette approche est essentielle dans la fusion nucléaire

Aujourd’hui, le confinement magnétique est l’approche la plus avancée pour le développement des futurs réacteurs. Toutefois, cette méthode présente des défis majeurs, notamment la difficulté de maintenir un plasma stable à des températures extrêmes pendant une durée suffisante. Le confinement inertiel fonctionne en revanche selon un principe totalement différent : au lieu de chercher à maintenir la fusion en continu, il reproduit des explosions contrôlées, comme de petites bombes H miniatures déclenchées en laboratoire.

Ce procédé offre plusieurs avantages :

  • Un contrôle précis des réactions : chaque impulsion énergétique déclenche une fusion brève, mais intense, ce qui évite les instabilités du plasma propres au confinement magnétique.
  • Un potentiel d’optimisation : en ajustant la forme et la puissance des impulsions, les scientifiques peuvent affiner les conditions optimales et maximiser l’efficacité énergétique.
  • Une démonstration concrète du gain énergétique : le confinement inertiel a récemment prouvé qu’il pouvait produire plus d’énergie qu’il n’en consommait, une avancée cruciale vers la viabilité industrielle de la fusion nucléaire.

Ainsi, même si le confinement magnétique reste la technique la plus avancée à ce jour, le confinement inertiel apporte une approche complémentaire et indispensable pour diversifier les stratégies de recherche. Il permet d’explorer des concepts alternatifs de réacteurs, d’améliorer notre compréhension des plasmas et d’optimiser les performances des réactions de fusion.

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