Ferdinandea, Prosperine, Sciacca ou encore Julia, cette île volcanique éphémère située au large de la Sicile a connu autant de noms que de revendications au gré de ses émersions.
Créée par le volcan sous-marin Empédocle, l’île de Ferdinandea (île Graham ou île Julia selon les pays) est une île éphémère comptant parmi les champs Phlégréens du canal de Sicile, cette région volcanique méditerranéenne ne recensant pas moins de treize volcans. Ayant émergé à trois reprises par le passé, une première fois en 1701, une seconde en 1831 et une dernière en 1863, cette île se situe aujourd’hui à 8 mètres sous le niveau de la mer.
Ferdinandea, une île volcanique atypique
Lorsqu’elle émergea pour la seconde fois en 1831, l’île située entre l’Italie et la Tunisie atteignit une circonférence de 5 kilomètres pour une hauteur d’environ 65 mètres. De la lave était alors éjectée du cratère par intermittence. Lorsque la lave cessa de se faire projeter, de l’eau de mer s’infiltra sur l’île, formant deux plans d’eau salée, se réchauffant par la suite jusqu’à rejeter de la vapeur. Cette vapeur d’eau se chargea ensuite en sulfure d’hydrogène et en sulfate ferreux, colorant alors l’eau en rouge.
Ferdinandea s’éroda rapidement sous l’effet des vagues, son périmètre et son altitude se réduisant de plus en plus au fil des jours jusqu’à totalement disparaître.
Une île éphémère aux noms divers
Lors de la seconde émergence de l’île en 1831, les napolitains la renommèrent Ferdinandea en hommage à Ferdinand II, roi des Deux-Siciles. Avant cela, l’île pris le nom de Prosperine puis de Sciacca en référence au port éponyme.
La même année, le capitaine anglais Humphrey Fleming Senhouse la renomme Graham Island en hommage à James Robert George Graham, premier Lord Commissioner of the Admiralty (organe de contrôle de la Royal Navy).
Les équipes d’expédition françaises, emmenées par le géologue Constant Prévost, la rebaptisent alors l’île de Julia, en référence à la monarchie de Juillet et au mois de son émersion.

Une souveraineté longtemps disputée
Si Ferdinandea est actuellement considérée comme une île italienne, sa souveraineté fut particulièrement disputée lorsqu’elle affleura en 1831. Royaume des Deux-Siciles, France, Grande-Bretagne ou Espagne, autant de nations qui revendiquèrent ce petit bout de terre volcanique, entraînant une véritable crise diplomatique.
Précisons qu’à l’époque, les Anglais occupent l’archipel de Malte, les Français sont établis en Algérie et les Espagnols sont implantés depuis longtemps en Méditerranée occidentale.
En août, c’est l’Union Jack qui est planté sur Ferdinandea, l’équipage mené par l’amiral Humphrey Fleming Senhouse proclamant l’île comme propriété de l’Empire britannique. En réponse à cette auto-proclamation, le roi de Naples Ferdinand II ordonne de remplacer le drapeau anglais par celui des Deux-Siciles. Un mois plus tard, la France revendique à son tour l’île en y plantant le drapeau tricolore.
Les revendications territoriales ne cesseront qu’au mois de janvier 1832, l’île s’érodant alors rapidement, jusqu’à se faire engloutir complètement après six mois d’existence.

Des revendications qui reprennent de plus belle dès que l’île émerge
Soixante ans après la première apparition de Fernandinea, les revendications territoriales reprennent en 1863, appropriations tombant vite « à l’eau » avec l’érosion de l’île engloutie de nouveau.
Une centaine d’années plus tard, la question de la souveraineté de l’île ressurgit dans les années 2000, suite à une légère activité sismique observée dans la zone volcanique. L’Italie est alors le premier pays à y planter son drapeau, anticipant toute nouvelle revendication en cas d’une nouvelle émersion.
En 2001, la Sicile dépose une plaque de marbre pour attester de sa souveraineté, plaque que l’on retrouvera brisée six mois plus tard :
Ce morceau de terre, autrefois Ferdinandea, appartenait et appartiendra toujours aux Siciliens.