(Agence Ecofin) - L’OCDE estime que la récession économique de 2020 sera moins marquée que prévu. Mais l’organisation précise que l’intervention des banques centrales et des gouvernements de ses pays membres sera encore nécessaire. Une position loin du libéralisme souvent prescrit à l’Afrique.
L'Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE), une organisation basée à Paris, en France, et qui regroupe les pays les plus développés du monde, a annoncé que les conséquences économiques de la covid-19 seront moins marquées que prévu en 2020.
L'institution voit désormais un recul global de 4,6% du produit intérieur brut contre une prévision de -6%. Ce nouvel argumentaire tient compte de la réduction du niveau du chômage aux Etats-Unis, ou encore de la hausse du commerce de détail en Chine.
Toutefois, l'OCDE insiste sur le fait que la reprise est encore trop lente et qu’elle aura besoin d’une intervention supplémentaire des banques centrales et des gouvernements pour se consolider. « Le problème est que la reprise en forme de V qui est espérée de tous ne se produira pas », a déclaré son secrétaire général, Angel Gurria, lors d'une interview sur Bloomberg Television. « Ce que nous disons est que d'une part, il ne faut pas supprimer les appuis publics, et d'autre part, il ne faut pas arrêter les mesures d'atténuation. »
Cette position du club des pays les plus riches de la planète tranche avec les solutions qui avaient été proposées aux pays les moins développés, notamment ceux d'Afrique, lors de la crise des matières premières des années 1990. Avec le Fonds monétaire international (FMI) très proche de l'économie libérale, il a été demandé à plusieurs Etats africains de céder la plupart des entreprises publiques, de réduire les dépenses publiques et d'avoir une politique monétaire stricte. Des prescriptions pas très différentes sont aujourd'hui encore faites aux gouvernements d'Afrique, dans le cadre des programmes avec l'institution de Bretton Woods.
Mais dans les économies développées d'Europe et d'Amérique, la logique d'interventionnisme a atteint des niveaux jamais égalés dans l'époque moderne et l’actualité récente indique qu’on n’est pas prêt de s'arrêter. La théorie libérale de l'économiste écossais, Adam Smith, est aujourd'hui définitivement battue en brèche.
La main invisible qui restaure l'équilibre sur les marchés a complètement disparu, laissant place à des outils bien visibles manipulés sans modération par les banques centrales et les gouvernements. Au contraire, c'est John Maynard Keynes, un autre économiste britannique adepte de l'interventionnisme, qui est le nouvel inspirateur. L'Afrique notamment subsaharienne manque là peut-être de saisir une opportunité de revoir sa gouvernance économique.
Idriss Linge