Les fouilles archéologiques menées à Pompéi continuent de livrer des trésors du passé. Récemment, des chercheurs ont mis au jour des statues funéraires grandeur nature représentant un homme et une femme, datant de la fin de la République romaine. Découvertes dans la nécropole de Porta Sarno, ces statues offrent un aperçu rare de la vie sociale et religieuse des élites romaines et soulignent l’importance de l’art funéraire dans la Rome antique.
Une découverte majeure
C’est une découverte particulièrement intéressante pour les archéologues : deux statues, probablement d’un couple influent, ont été retrouvées dans un contexte funéraire. Les statues représentent un homme et une femme, magnifiquement sculptées, et sont issues d’une tombe monumentale. Ce type de tombe était réservé aux élites de la société romaine, qui utilisaient des statues et des monuments funéraires pour afficher leur pouvoir et leur statut.
L’homme est représenté portant une toge courte, un vêtement typique des membres de la haute société romaine. Sa pose et son apparence soignée suggèrent qu’il appartenait à l’élite. Des détails comme ses « calcei patricii », des chaussures portées par les nobles, et l’anneau qu’il porte à sa main gauche, renforcent l’idée qu’il occupait une position élevée. La qualité de la sculpture, et la précision des détails, témoignent d’une époque où les artéfacts funéraires étaient utilisés pour afficher des signes de richesse et d’influence.
La femme : prêtresse ou simple citoyenne ?
La statue de la femme a révélé des indices intrigants sur son rôle dans la société romaine. En plus de sa stature imposante, elle porte un collier orné d’un croissant de lune, appelé lunule. Cet accessoire n’est pas anodin : dans le contexte romain, la lunule était souvent associée à la déesse Cérès, la divinité de la fertilité, des relations maternelles et de l’agriculture. Selon les chercheurs, cela suggère que la femme pourrait avoir été une prêtresse de Cérès. Cela n’est pas surprenant, étant donné l’importance de la religion dans la vie romaine, et particulièrement dans les rituels funéraires, où la présence d’un lien avec les dieux était un signe de respect et de pouvoir.
De plus, la statue de la femme la montre tenant un aspergillum de laurier, un instrument rituel utilisé pour bénir les lieux. Ce détail confirme encore l’idée qu’elle pouvait avoir un rôle religieux, soulignant la place centrale des pratiques religieuses dans la Rome antique.
Des statues comme instruments de pouvoir
Les statues de Porta Sarno ne sont pas simplement des éléments décoratifs ; elles ont été conçues pour refléter un pouvoir social et maintenir une image de grandeur bien après la mort de leur propriétaire. Dans la Rome antique, les monuments funéraires étaient un moyen pour les riches et puissants de marquer l’histoire. Ce couple, figé dans la pierre pour l’éternité, semble avoir voulu inscrire leur nom dans la mémoire collective, un peu comme un acte politique visant à préserver leur héritage.
La présence de ces statues et de leurs accessoires à dans la nécropole de Porta Sarno, à Pompéi, nous rappelle l’importance de l’art funéraire dans l’Empire romain. Ce n’était pas seulement une manière de rendre hommage aux défunts, mais un moyen de témoigner de leur statut social, politique et religieux. Pour les archéologues, ces découvertes sont inestimables car elles offrent des indices précieux sur les coutumes de l’époque, les croyances religieuses, et les pratiques sociales des Romains.
L’exposition « Être une femme dans la Pompéi antique »
Les statues découvertes seront exposées dans le cadre de l’exposition « Être une femme dans la Pompéi antique », qui ouvrira ses portes le 16 avril. Cette exposition permettra non seulement aux visiteurs de découvrir les sculptures, mais aussi d’assister à leur restauration en direct, une occasion unique d’en apprendre davantage sur les techniques de conservation des artefacts antiques.
L’exposition mettra en lumière les rôles des femmes dans la société romaine, en particulier leur influence religieuse et sociale. La présence de la prêtresse potentielle, et la manière dont elle est représentée aux côtés de son mari, soulignent l’importance de la religion et des femmes dans l’Empire romain.
Les résultats des fouilles archéologiques ont été publiés dans la revue électronique des fouilles de Pompeii.
