Des relevés de terrain ont montré que la fonte des glaciers de l’hémisphère Nord libérait chaque année plusieurs centaines de milliers de tonnes de bactéries dans l’environnement périglaciaire, celles-ci étant jusqu’alors immobilisées dans les couches de neige. Les résultats ont été publiés dans la revue Communications Earth & Environment ce 10 novembre.
L’augmentation des températures à la surface de la planète s’accompagne d’un recul des glaciers. Or, la fonte de ces glaces, parfois âgées de plusieurs milliers d’années, libère dans l’environnement de multiples éléments qu’elles avaient immobilisé au moment de leur formation. Parmi eux, des bactéries et des virus, sources d’inquiétudes légitimes mais aussi de discours catastrophistes de la part de certaines personnalités ou de certains médias.
Pour faire la part des choses, une équipe de chercheurs internationale a mesuré la composition des eaux de fonte issues de dix glaciers de l’hémisphère Nord. Huit sont situés en Europe et en Amérique du Nord et deux à l’ouest du Groenland. Les scientifiques ont porté une attention toute particulière à l’étude de la nature et de la richesse des communautés microbiennes contenues dans les échantillons.

Une avalanche de bactéries dans les écosystèmes périglaciaires
Les résultats sont saisissants en termes de nombre. En effet, chaque millilitre d’eau de fonte contient plusieurs dizaines de milliers de microbes. Aussi, la quantité de bactéries et d’algues libérées chaque année par la fonte des glaciers se chiffre à plus de 650 000 tonnes. Cependant, faut-il s’inquiéter de voir des agents potentiellement pathogènes s’échapper à grande vitesse de glaciers dont on sait qu’ils existent parfois depuis plusieurs millénaires ?
À cet égard, les observations faites par les chercheurs sont plutôt rassurantes. En effet, ils ont constaté que la plupart des bactéries étaient détruites par le rayonnement solaire une fois libérées dans l’environnement. Le risque de contamination est donc jugé faible. À l’inverse, la propension des microbes à absorber le rayonnement incident participe à augmenter la température des eaux de fonte, ce qui peut localement accélérer le réchauffement.

Ces tendances devraient continuer à l’avenir avec la poursuite du changement climatique et de la fonte des glaces. « Il est donc essentiel de mieux comprendre l’écologie de ces communautés microbiennes qui vivent dans l’environnement supraglaciaire et qui en sont exportées, afin de bien appréhender les effets biogéochimiques du changement climatique dans les régions qui seront bientôt déglacées », rapporte l’étude dans son résumé.