(Agence Ecofin) - En Asie du Sud-Est, le Japon et l’Australie viennent de signer un pacte qui renforce leur coopération dans le domaine militaire. L’entente, un accord d’accès réciproque (RAA), est le fruit de 6 ans de négociations. Elle devrait permettre notamment aux forces armées des deux nations d'augmenter l'interopérabilité de leurs forces, d’organiser des manœuvres, et même de stationner des troupes sur leur territoire respectif.
Pour le Japon, cet accord une première depuis ceux de 1960, qui encadrent la présence sur son territoire de près de 50 000 soldats américains. Ceci marque donc un retour progressif de l'Archipel dans la géopolitique (militaire) régionale ; une évolution amorcée par l’ancien premier ministre Abe, et que poursuit vraisemblablement le nouveau dirigeant nippon, Yoshihide Suga.
Côté australien, l’entente permet de se consolider un allié de premier plan, alors même que les relations s'enveniment la superpuissance chinoise. De fait, si aucun des deux signataires n’a mentionné la Chine, ce nouvel axe Tokyo-Canberra semble bien être une réponse à la montée en puissance du Dragon dans la région Indo-pacifique, et à ses revendications territoriales.
Australia and Japan agree in principle to defence pact that will increase military ties https://t.co/63ZkVvVo3M
— The Guardian (@guardian) November 17, 2020
Les deux pays n’ont d’ailleurs pas manqué de signaler leurs « graves inquiétudes », face à la militarisation dans les mers de Chine méridionale et orientale, de même que de « sérieuses préoccupations » par rapport à Hong Kong, tout ceci en « se félicitant de l’engagement continu des USA dans la région », comme pour enfoncer le clou, de manière diplomatique.
Côté américain, on se défend déjà de toute attaque ciblée contre la Chine : « Il n'y a aucune tentative de contenir la Chine ou qui que ce soit d'autre, nous essayons de créer un environnement d'inclusion », déclare ainsi le vice-amiral William Merz, commandant de la 7e flotte américaine, présente dans le Pacifique-Ouest et l'Océan Indien.
Pour Beijing, enfin, si le nouvel accord nippo-autralien est à saluer, cette coopération ne devrait néanmoins pas « viser un pays tiers, ni menacer les intérêts de ce pays tiers » ( Zhao Lijian, Porte-parole de la diplomatie chinoise).
Rappelons que l’annonce de ce pacte militaire survient quelques jours à peine après la signature du plus vaste accord de libre-échange au monde, regroupant l’Australie, la Birmanie, Brunei, le Cambodge, la Chine, la Corée du Sud, l’Indonésie, le Japon, le Laos, la Malaisie, la Nouvelle-Zélande, les Philippines, Singapour, la Thaïlande et le Vietnam.
Ayi Renaud Dossavi
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