(Agence Ecofin) - L’Ouganda ne fait pas partie des principaux producteurs africains d’or. Le métal jaune est pourtant devenu ces dernières années le premier produit d’exportation grâce à une stratégie ayant permis de construire plusieurs raffineries locales. Un exemple qui peut inspirer ailleurs sur le continent.
En Ouganda, l’exportation de l’or non raffiné devrait bientôt cesser. C’est du moins le souhait du gouvernement qui a inscrit son interdiction dans la loi de 2021 sur les Mines et les Minéraux adoptée en février dernier par le Parlement et qui attend d’être promulguée par le chef d’Etat.
La mise en place de cette loi devrait entrainer une augmentation des recettes de l’Etat grâce à l’intensification de la transformation locale du minerai d’or, activité qui a déjà connu une forte croissance dans le pays ces dernières années. L’Ouganda est en effet passé d’une seule raffinerie d’or en 2016 à au moins 5 actuellement, selon les informations du média local Monitor.
Pour dissuader les exportateurs d’expédier le produit non raffiné, le gouvernement a même introduit une taxe sur les exportations l’année dernière, de 10 % pour l’or non raffiné contre 5 % pour l’or raffiné. Cette mesure a provoqué une levée de boucliers de tous les acteurs qui ont momentanément suspendu les exportations, estimant que la taxe entrainerait des pertes. Depuis, des négociations sont menées pour trouver un terrain d’entente avec les acteurs. Une suppression de la taxe est envisagée, mais rien d’officiel n’a encore filtré.
Des critiques fusent régulièrement concernant les exportations d’or de l’Ouganda, accusé de collecter l’or sorti illégalement des pays voisins comme la RDC, la Tanzanie ou le Rwanda pour le traiter avant de le réexporter. Le modèle ougandais peut néanmoins servir d’exemple aux pays producteurs d’or du continent, particulièrement en Afrique de l’Ouest.
L’investissement dans des raffineries locales, contrôlées par des intérêts privés ou nationaux, accroit non seulement les recettes générées par le secteur aurifère grâce à la collecte de taxes, mais ces installations peuvent aussi favoriser la lutte contre le trafic illicite d’or en donnant des alternatives aux orpailleurs et autres acteurs de l’exploitation artisanale et à petite échelle.
Emiliano Tossou