Une nouvelle étude publiée dans la revue Historical Biology révèle que les emblématiques mégalodons pouvaient atteindre des tailles plus grandes dans des environnements plus frais, loin de l’équateur.
Il y a environ quinze millions d’années régnait dans quasi tous les océans le plus grand requin de tous les temps : le mégalodon. D’après les archives fossiles, il semblerait que ce requin ait finalement disparu il y a entre 2,6 et 3 millions d’années. Si les raisons de son extinction restent encore débattues, il semblerait que la concurrence avec le grand requin blanc moderne et le changement climatique aient joué un rôle important.
Les estimations corporelles de cet animal varient généralement entre quinze et dix-huit mètres de long. Ces dernières ont été déduites par équations en impliquant la longueur des dents retrouvées. Il s’agit en effet des seuls témoignages de l’existence de ces anciens prédateurs (les squelettes cartilagineux fossilisant mal). Mais ces dimensions corporelles étaient-elles uniformes ?
Dans le cadre d’une étude récente, une équipe dirigée par le paléobiologiste Kenshu Shimada, de l’Université DePaul (Chicago), a révisé les tendances de taille corporelle précédemment proposées en réexaminant plusieurs dents de mégalodons. Celles-ci ont été prélevées en Caroline du Nord et du Sud, en Californie, dans le Maryland, en Espagne, au Pérou et au Panama.
Les plus gros aux altitudes élevées
Pour ces travaux, les chercheurs se sont limités aux dents antérieures supérieures, qui offrent des estimations plus fiables. Ils ont également tenu compte des paléolatitudes et des températures de surface de la mer de l’époque. D’après leurs analyses, il semblerait que les plus grands prédateurs évoluaient à des latitudes plus élevées. « La notion commune selon laquelle l’espèce pouvait atteindre les 18-20 mètres de long devrait être appliquée principalement aux populations qui habitaient des environnements plus frais« , soulignent les chercheurs.
La taille des mégalodons semblait ici correspondre à la règle de Bergmann. Il s’agit d’un principe fondé par le biologiste allemand Carl Bergmann (1814-1865) qui détermine que la taille du corps dépend souvent de la latitude. Les plus gros animaux se trouvent souvent dans les régions les plus froides, car leur taille les aide à mieux retenir la chaleur que les petits animaux. Pour les auteurs, c’est la première fois que cette règle s’applique aux créatures marines de la sous-classe des Elasmobranchii qui comprend les requins et les raies.

Enfin, ces travaux nous révèlent également un autre point intéressant. Auparavant, plusieurs équipes avaient identifié ce qui ressemblait à d’éventuelles zones d’alevinage, toutes situées près de l’équateur. Ces sites produisaient en effet des dents plus petites par rapport aux autres localités. Il est évidemment toujours possible que les mégalodons aient pu utiliser des zones de pépinière pour élever de jeunes requins. Toutefois, cette étude montre que ces sites pourraient en réalité contenir les restes de requins individuels ayant atteint des tailles corporelles globales plus petites simplement en raison d’une eau plus chaude.