(Agence Ecofin) - Les relations diplomatiques entre le Qatar et certains pays ont été récemment impactées par la crise diplomatique entre l’émirat et certains pays du Moyen-Orient. Cependant, Doha continue à renforcer ses relations avec l’Afrique, afin de préserver des intérêts économiques notamment.
Sheikh Tamim bin Hamad Al Thani, l’émir du Qatar a reçu les lettres de créances des nouveaux ambassadeurs de trois pays africains. Il s’agit d’Ali Sausel Ibrahim, ambassadeur du Tchad, Dr Mohamed Habibou Diallo, ambassadeur du Sénégal et Mao Mau Ring, du Soudan du Sud. En plus de leurs missions diplomatiques, ceux-ci auront à gérer les dossiers brulants de leurs pays respectifs avec l’émirat gazier.
Pour le Tchad, l’arrivée du nouvel ambassadeur fait suite à la visite, quelques jours plus tôt, de Mahamat Idriss Déby, président du Conseil militaire de transition, sur invitation de l’émir. Ce qui marque le rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays, suspendues depuis août 2020. Les échanges ont porté entre autres sur plusieurs accords de coopération entre les deux pays.
Cette visite souligne d’ailleurs le contexte pour le moins délicat dans lequel le nouvel ambassadeur tchadien devra mener sa mission. Il faut souligner que selon plusieurs sources médiatiques, le Qatar abriterait des adversaires au régime de N’Djamena. En outre, l’émirat est le premier actionnaire de Glencore, un groupe spécialisé dans le trading des matières premières, qui subit aujourd’hui des pressions pour accorder un nouveau souffle au Tchad sur une dette de 1 milliard $ que le pays ne lui a toujours pas remboursée.
En ce qui concerne le Sénégal, au-delà de renforcer les relations diplomatiques avec Doha, le nouvel ambassadeur sera amené à gérer la question relative à Karim Wade. Celui-ci vit en effet, en exil politique au Qatar où selon plusieurs sources médiatiques, il a gagné en influence, alors même qu’au Sénégal, son avenir politique reste discuté.
Mao Mau Ring, ambassadeur du Soudan du Sud, devra quant à lui mener sa mission dans un contexte marqué par la question des terres agricoles tant convoitées par Doha. L’enjeu principal de ce sujet est la politique d’externalisation de la production agricole menée par le Qatar. De plus, ces transactions sont motivées par des enjeux politiques. De l’avis de plusieurs experts, les pays du Golfe, cherchant à tisser des liens privilégiés avec les pays musulmans d’Afrique, utilisent les terres agricoles comme un moyen de parvenir à leur fin.
Isaac K. Kassouwi (stagiaire)