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Nous sommes plus près de recréer les sons de ce dinosaure

Nous sommes plus près de recréer les sons de ce dinosaure

  • lundi 25 novembre 2024
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Que diriez-vous d’entendre le son d’un dinosaure disparu depuis 76 millions d’années ? Cette question fascinante anime des chercheurs modernes qui tentent de recréer le cri du Parasaurolophus grâce à des outils technologiques avancés. Ce dinosaure emblématique, reconnaissable à sa crête spectaculaire, pourrait bien avoir utilisé cette structure pour produire des sons inédits, ce qui ouvre une fenêtre sonore sur un monde disparu.


Une crête pleine de mystères

Découvert pour la première fois en 1920 dans les badlands de l’Alberta, au Canada, le Parasaurolophus est un dinosaure à bec de canard qui intrigue autant les scientifiques que les amateurs de dinosaures. Appartenant à la famille des hadrosauridés, il vivait principalement en Amérique du Nord et pouvait atteindre une hauteur de cinq mètres pour un poids estimé entre 2 700 et 3 600 kg. Herbivore, il se déplaçait tantôt sur quatre pattes pour brouter tantôt sur deux pattes pour courir et peut-être échapper à ses prédateurs.

Sa crête impressionnante distingue le Parasaurolophus des autres dinosaures. En forme de tube creux et allongé, cette structure fascinante a été au centre de nombreuses hypothèses scientifiques depuis sa découverte. Certains ont suggéré qu’elle permettait au Parasaurolophus de respirer sous l’eau, d’autres qu’elle jouait un rôle dans la thermorégulation ou encore qu’elle renforçait le cou pour supporter la lourde tête. Toutes ces idées ont finalement été écartées, car elles ne correspondaient pas aux structures internes découvertes dans les fossiles.

Ensuite, en 1931, le paléontologue suédois Carl Wiman a émis une autre hypothèse fascinante : cette crête, qui ressemblait aux structures trouvées chez certains oiseaux modernes, pourrait avoir été utilisée pour produire des sons. Cette idée a été renforcée en 1981 par David Weishampel, qui a publié un modèle détaillé qui démontre que la crête fonctionnait comme un système de tuyaux ouverts/fermés. Selon lui, les sons émis par le Parasaurolophus se situeraient dans une gamme de fréquences allant de 55 à 720 Hertz, proches des sons graves produits par certains instruments à vent.


Recréer un cri oublié : le défi scientifique

C’est ici qu’entre en scène Hongjun Lin, un chercheur de l’Université de New York, qui a décidé de pousser ces recherches encore plus loin. Inspiré par son amour d’enfance pour les dinosaures et les films comme Jurassic Park, Lin a entrepris de modéliser mathématiquement la crête du Parasaurolophus pour tenter de recréer son cri. Il ne s’est pas contenté des hypothèses théoriques existantes : il a construit un appareil physique, surnommé le linophone, qui simule les vibrations acoustiques à l’intérieur de la crête.

Le linophone se compose de deux tuyaux connectés, conçus pour imiter les résonances naturelles des cordes vocales. Le chercheur a généré des sons artificiels à l’aide d’un haut-parleur et enregistré les données avec des microphones pour analyser les fréquences de résonance. Les premiers résultats sont fascinants : ils confirment que la crête pouvait agir comme une caisse de résonance qui amplifiait les sons produits par l’animal.

Selon Lin, le cri du Parasaurolophus pourrait ressembler à celui d’un instrument de cuivre, comme une trompette ou un saxophone géant. Toutefois, si l’on prend en compte la présence potentielle de cordes vocales en tissus mous, le son pourrait être plus proche de celui d’une clarinette, offrant une tonalité plus riche et nuancée.


Parasaurolophus dinosaure
Modèle imprimé en 3D des crânes de Parasaurolophus à l’échelle 1:3 du fossile d’origine. Le modèle blanc représente les voies nasales à l’intérieur du crâne. Crédits : Hongjun Lin

Les implications d’une telle découverte

Recréer le cri d’un dinosaure ne se limite pas à satisfaire une simple curiosité. Ces recherches apportent en effet des informations cruciales sur la biologie et le comportement des dinosaures. Par exemple, les sons graves amplifiés par la crête auraient pu servir à communiquer sur de longues distances ou à marquer un territoire. Ils pourraient également avoir joué un rôle dans la sélection sexuelle si les Parasaurolophus utilisaient leur cri pour impressionner leurs partenaires potentiels.

Néanmoins, ce n’est pas tout. La méthode développée par le chercheur pourrait être appliquée à d’autres espèces de dinosaures ou d’animaux disparus dotés de structures acoustiques complexes. À terme, cela pourrait ainsi enrichir notre compréhension des interactions et des écosystèmes préhistoriques.

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