Selon plusieurs experts en vieillissement des matériaux, nos constructions modernes ne devraient laisser aucune trace aux archéologues du futur…
Construits en béton, la plupart des bâtiments de notre ère ne seraient pas faits pour durer. Selon les spécialistes dont Valérie L’Hostis, nos constructions modernes sont envisagées avec une date de péremption. L’experte en comportement des matériaux estime d’ailleurs la durée de vie du viaduc de Millau à moins de 150 ans :
Il est déjà prévu que dans 150 ans, il n’y aura plus de viaduc de Millau, mais une autre construction à la place.
Le béton, un matériau polluant qui ne dure pas si longtemps
Le béton, principalement utilisé dans les constructions modernes, est souvent considéré comme un matériau polluant. Ce pour plusieurs raisons :
- Émissions de dioxyde de carbone (CO2) : la production de ciment, l’un des principaux composants du béton, génère d’importantes émissions de CO2 du fait de son processus de fabrication (la calcination). Ce procédé consiste à chauffer la matière à des températures très élevées (environ 1450 degrés), via des fours alimentés par des combustibles fossiles fonctionnant 24 heures sur 24.
- Consommation d’énergie élevée : la fabrication du béton nécessite énormément d’énergie pour chauffer les fours rotatifs, contribuant à l’augmentation des émissions de CO2.
- Difficultés de gestion des déchets : les déchets de construction et de démolition, y compris les débris de béton, sont souvent mal gérés.
Des constructions édifiées avec une durée de péremption
De nos jours, dans un souci de sécurité, un bâtiment neuf se doit de respecter des règles de construction imposant une certaine durée de vie. Pour les grands ouvrages comme le viaduc de Millau, cette durée serait estimée à « seulement » 120 ans.
Cette « date de péremption » serait majoritairement liée la sécurité du bâtiment : en plus de sa fonction principale et de son éventuel aspect esthétique, l’ouvrage doit être remplacé dès les premiers signes d’usure, surtout s’il s’agit d’une structure sensible (un bâtiment nucléaire, par exemple).
Les édifices anciens, des exemples de longévité
De nombreuses recherches menées sur des cathédrales antiques ont révélé que la majorité d’entre elles étaient faites de piliers aux pierres contenant une armature en acier, signe que les bâtisseurs attachaient une importance toute particulière au renforcement des structures.
En Égypte antique, les pyramides s’envisageaient comme des structures massives résistant parfaitement aux affres du temps. Les égyptiens ou les mésopotamiens ne construisaient ainsi pas leurs ouvrages avec une fonction précise limitée dans le temps, leur but était plutôt d’abriter pour l’éternité les tombeaux des pharaons sans envisager l’éventualité d’une réfection…
De nos jours, les constructions modernes sembleraient être à la rapidité, aux besoins immédiats et aux matériaux bon marché, quitte à faire l’impasse sur la qualité.
