PIA AFRICA
Rechercher
Ajouter
Non, la consommation modérée d’alcool n’est pas bonne pour la santé

Non, la consommation modérée d’alcool n’est pas bonne pour la santé

  • vendredi 2 août 2024
  • 76

Aujourd’hui, les dangers d’une consommation excessive d’alcool sont bien connus. Beaucoup de personnes ont toutefois plaisir à en consommer avec modération, que ce soit un verre de vin au moment du repas ou une petite bière savourée entre amis lors d’un match ou d’une sortie, mais cette consommation modérée est-elle bonne pour la santé ? Plusieurs études sur le sujet sont montrées positives au fil des années, allant même jusqu’à reconnaître certains bienfaits au fait de boire des boissons alcoolisées de temps en temps (meilleure longévité, risques de maladies cardiaques et chroniques réduits en comparaison des abstinents, etc.).


Toutefois, en réévaluant et en approfondissant ces recherches passées avec exhaustivité et méthode, des chercheurs dressent un tableau beaucoup moins optimiste de cette question, démontrant que peu d’alcool ne vaut clairement pas mieux que pas d’alcool du tout.

La recherche sur la consommation d’alcool modérée, souvent biaisée

Pour cette nouvelle étude publiée dans le Journal of Studies on Alcohol and Drugs, des chercheurs de l’Université de Victoria (Canada) ont passé en revue 107 travaux antérieurs sur les habitudes de consommation d’alcool et la durée de vie des participants. Et si les conclusions suite à cette méta-analyse sont loin d’être aussi positives, c’est parce qu’elles remettent en question les méthodes utilisées au cours de ces recherches. « En un mot, les études établissant un lien entre la consommation modérée d’alcool et les bienfaits pour la santé souffrent de défauts de conception fondamentaux », déplore Tim Stockwell, l’auteur principal de l’étude.

En effet, ces travaux comparaient des buveurs modérés à des buveurs abstinents ou occasionnels âgés qui avaient réduit ou arrêté l’alcool en raison de différents problèmes de santé. Or, le fait de faire des comparaisons avec des personnes malades ne pouvait que fausser les résultats des recherches, présentant artificiellement les consommateurs modérés comme étant en meilleure santé et avec une longévité plus élevée. « C’était un coup de propagande de l’industrie de l’alcool de mettre en avant le fait qu’une consommation modérée de leurs produits pouvait allonger la durée de vie des gens », ajoute le scientifique. « Cette idée a impacté les directives nationales sur le sujet ainsi que les estimations relatives à l’incidence de l’alcool sur les maladies à l’échelle mondiale et a représenté un frein à la prise de décision sur l’alcool et la santé publique. »


alcool
Crédits : SeventyFour / iStock

Des recherches sérieuses… et d’autres qui l’étaient beaucoup moins

Lors de l’examen de plusieurs études sur l’impact de l’alcool sur la santé, les chercheurs ont ici constaté une courbe en J où les taux de mortalité étaient plus bas chez ceux qui buvaient un peu. En combinant ces données, l’analyse suggérait que ceux qui avaient une consommation légère à modérée (entre une boisson alcoolisée par semaine à deux par jour) avaient 14 % de risque en moins de mourir sur les périodes couvertes par les recherches en comparaison des abstinents.

Toutefois, en y regardant de plus près, il est apparu que dans les travaux antérieurs plus sérieux et exhaustifs qui incluaient des volontaires jeunes et qui s’assuraient que les anciens buveurs et buveurs occasionnels n’étaient pas considérés comme abstinents, aucune donnée ne suggérait que les buveurs modérés vivaient plus longtemps. Cette observation ne se retrouvait finalement que dans les recherches biaisées et moins pointilleuses qui comparaient les buveurs modérés avec des groupes de personnes en mauvaise santé qui avaient arrêté ou diminué leur consommation d’alcool après être tombés malades ou être devenus plus fragiles avec l’âge. Comparativement, les buveurs modérés apparaissent donc forcément comme étant plus sains.

alcool
Crédits : MichaelGaida/Pixabay

Aucune consommation d’alcool n’est sans risque

Comme l’affirme l’Organisation mondiale de la santé, « la consommation d’alcool n’est jamais sans danger pour la santé, quelle que soit la quantité consommée » et parle d’un risque présent dès la première goutte. L’organisme ajoute par ailleurs que « les données actuellement disponibles ne permettent pas de conclure à l’existence d’un seuil à partir duquel les effets cancérigènes de l’alcool se déclenchent et commencent à se manifester dans le corps humain. En outre, aucune étude ne démontre que les effets bénéfiques potentiels d’une consommation minime ou modérée d’alcool contre les maladies cardiovasculaires et le diabète de type 2 l’emportent sur le risque de cancer associé à ces mêmes niveaux de consommation d’alcool chez un individu. »

Une grande étude de 2018 estime quant à elle que l’alcool a été à l’origine de 2,8 millions de morts en 2016 et s’imposait comme le facteur de risque le plus important de mort prématurée et de situation de handicap chez les personnes de 15 à 49 ans. Chez ceux de plus de 50 ans, 27 % des cancers chez les femmes et 19 % chez les hommes étaient imputables à leur consommation de boissons alcoolisées. L’an dernier, une autre recherche auprès de plus d’un demi-million d’hommes chinois faisait enfin le lien entre ces boissons et plus de soixante maladies (cirrhoses, attaques, cancers gastro-intestinaux, gouttes, cataractes ou encore ulcères gastriques).

Retrouver cet article sur Sciencepost
Un gazon adiabatique pour réduire les îlots de chaleur urbains Article précédent
Un gazon adiabatique pour réduire les îlots de chaleur urbains
Corée du Sud : des champs magnétiques pour influencer le cerveau humain Article suivant
Corée du Sud : des champs magnétiques pour influencer le cerveau humain

Commentaire - 0

Se connecter pour laisser un commentaire