(Agence Ecofin) - Au Nigeria, la politique de gestion des médias mise en place par le gouvernement du président Muhammadu Buhari est vue par certains comme un moyen d’étouffer les libertés de presse et d’expression.
La National Broadcasting Commission (NBC), l’autorité de régulation de l’audiovisuel au Nigéria, serait en passe de suspendre la licence et les activités de Channels TV, une des stations de télévision les plus populaires dans le pays, pour avoir diffusé deux interviews « déplaisantes ». L’une était accordée par Samuel Ortom (photo), gouverneur de l'Etat de Benue, et l’autre par Kunle Olawunmi, commodore retraité de la marine nigériane.
Le mardi 24 août au cours de l’émission Sunrise Daily, M. Ortom a exprimé son mécontentement face à l'insécurité croissante dans le pays et a accusé le président Muhammadu Buhari de vouloir « fulaniser » le pays, dans le cadre de ce qu’il a décrit comme étant « the Buhari Fulanisation Agenda ». Des propos qualifiés « d’incitatifs, diviseurs et injustes » par l'autorité de régulation. Pour la NBC, cette interview viole plusieurs dispositions du code de diffusion au Nigeria. Elle avait donné un délai de 24 heures à Channels TV pour se justifier dans une lettre datée du 24 août.
M.Olawunmi, ancien chef de la marine, invité de la même émission le mercredi 25 août, a laissé entendre que le gouvernement Buhari connaît les des sponsors de Boko Haram, fournis par les Emirats arabes unis qui ont enquêté sur le sujet.
Cela fera la deuxième fois en seulement 4 mois que Channels TV subira le courroux réglementaire du gouvernement. En avril, la célèbre chaîne avait écopé d’une suspension et d’une lourde amende de 5 millions de dollars pour avoir diffusé une interview d’un porte-parole de l’IPOB, un mouvement séparatiste biafrais, déclaré hors-la-loi et suspendu par le gouvernement.
Par ailleurs, le SERAP (Socio-Economic Rights and Accountability Project) a menacé d'intenter une action en justice contre la commission en raison de ce harcèlement répété.