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Néandertaliens : une découverte remet en question leur origine

Néandertaliens : une découverte remet en question leur origine

  • vendredi 21 février 2025
  • 22

L’histoire des Néandertaliens, nos cousins disparus, fascine depuis des décennies les scientifiques et le grand public. Leur apparition a longtemps été expliquée par un événement évolutif majeur : une réduction drastique de leur diversité génétique, connue sous le nom de goulot d’étranglement. Cette hypothèse suggérait que les Hommes de Néandertal seraient issus d’une petite population qui aurait survécu à une crise évolutive, ce qui aurait marqué leur lignée dès ses débuts. Cependant, une étude récente basée sur l’analyse de la morphologie de l’oreille interne vient remettre en question cette théorie largement acceptée. En examinant des fossiles qui proviennent d’Espagne et de Croatie, des chercheurs ont en effet découvert que la diversité morphologique des premiers Homo neanderthalensis était bien plus importante que prévu. Cette découverte bouleverse notre compréhension de leur évolution et invite à revoir les scénarios établis sur leur origine.


Une théorie remise en question sur les Néandertaliens

Jusqu’à présent, les scientifiques pensaient que l’apparition d’Homo neanderthalensis résultait d’un goulot d’étranglement génétique, un phénomène qui réduit la variabilité d’une population lorsqu’elle subit une forte diminution de son effectif. Ce scénario s’appuyait sur des études paléogénétiques qui analysent l’ADN ancien extrait des fossiles. Les résultats indiquaient une baisse significative de la diversité génétique chez les Hommes de Néandertal classiques (ceux qui ont vécu il y a environ 100 000 ans).

Les chercheurs en avaient déduit que cette perte de diversité remontait aux origines mêmes de Néandertal, ce qui suggère qu’ils descendaient d’un petit groupe de survivants qui aurait émergé après une crise évolutive. Toutefois, jusqu’ici, cette hypothèse reposait sur des indices indirects et non sur des preuves morphologiques solides.

Une nouvelle approche basée sur l’oreille interne

Pour tester cette hypothèse sous un nouvel angle, une équipe de chercheurs a choisi d’étudier les canaux semi-circulaires de l’oreille interne, une structure essentielle à l’équilibre et au mouvement. La morphologie de ces canaux est influencée par des facteurs génétiques et évolue lentement au fil du temps, ce qui en fait un bon indicateur de la diversité d’une population.


L’étude s’est concentrée sur deux sites fossiles majeurs. Le premier, Sima de los Huesos, en Espagne, est daté d’environ 430 000 ans et contient les restes de pré-Néandertaliens, considérés comme les ancêtres des Néandertaliens. Ce site offre une fenêtre unique sur l’évolution des premiers représentants de cette lignée. Le second site, Krapina, en Croatie, est daté de 130 000 à 120 000 ans et représente des Hommes de Néandertal primitifs, situés entre les pré-Néandertaliens et les Néandertaliens classiques. Ce fossile permet donc d’étudier une période charnière de l’évolution des et d’évaluer l’évolution de leur diversité morphologique.

En comparant la morphologie des canaux semi-circulaires de ces fossiles avec celle des Néandertaliens classiques, les chercheurs ont pu mesurer les changements dans la diversité morphologique au fil du temps. Cette approche offre ainsi un nouvel éclairage sur l’évolution d’Homo neanderthalensis et remet en question l’hypothèse d’un goulot d’étranglement génétique à l’origine de sa lignée.

Des résultats qui bouleversent notre vision de l’évolution néandertalienne

Les analyses ont révélé un résultat inattendu : la diversité morphologique des Homo neanderthalensis primitifs (Krapina) était tout aussi élevée que celle de leurs ancêtres pré-Néandertaliens (Sima de los Huesos). En revanche, cette diversité diminue nettement chez les Néandertaliens classiques. Cela signifie que le goulot d’étranglement ne s’est pas produit au moment de l’apparition de l’Homme de Néandertal, mais bien plus tard dans leur histoire. Ces résultats sont en accord avec les études paléogénétiques qui indiquaient une baisse de diversité génétique il y a environ 110 000 ans, soit bien après la formation de la lignée néandertalienne.


Mercedes Conde-Valverde, co-auteure de l’étude, souligne l’importance de cette découverte : « La réduction de la diversité observée entre l’échantillon de Krapina et les Néandertaliens classiques est particulièrement frappante et fournit une preuve solide d’un goulot d’étranglement tardif, et non à l’origine des Néandertaliens. »

Ces résultats remettent donc en cause l’idée selon laquelle les Hommes de Néandertal sont issus d’une petite population initiale à la diversité génétique réduite.

néandertaliens
Illustration sur la représentation schématique de la distribution de la variation morphologique de l’oreille interne au fil du temps dans la lignée néandertalienne. Crédits : Alessandro Urciuoli (Institut Català de Paleontologia Miquel Crusafont)

Vers une réécriture de l’histoire des Néandertaliens?

Si l’origine des Néandertaliens n’est pas liée à un effondrement de leur diversité génétique, comment expliquer leur émergence ? Plusieurs hypothèses doivent désormais être réévaluées, dont le rôle de l’environnement. Néandertal a effet évolué dans un climat changeant, marqué par des cycles glaciaires et interglaciaires. Ces variations environnementales ont pu influencer leur diversification morphologique et favoriser l’apparition de traits distinctifs au fil du temps.


Il est également possible que des échanges génétiques avec d’autres groupes archaïques aient contribué à leur diversité initiale. Homo neanderthalensis n’était probablement pas isolé et a pu partager des gènes avec d’autres populations humaines présentes en Eurasie.

Quoi qu’il en soit cette étude illustre à quel point la recherche sur l’évolution humaine est en constante évolution. Loin d’être figées, nos connaissances sur les Hommes de Néandertal s’affinent à mesure que de nouvelles méthodes d’analyse, comme l’étude de l’oreille interne, viennent compléter les données génétiques et fossiles.

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