On associe beaucoup l’intelligence artificielle à la notion de progrès, mais ses besoins énergétiques et son empreinte environnementale pourraient remettre en cause sa viabilité. Selon un économiste néerlandais, ces contraintes pourraient d’ailleurs freiner son développement de manière très significative.
1,5 million de serveurs dédiés à l’IA en 2027
Soulignons tout d’abord qu’Internet et le numérique d’une manière globale consomment une quantité astronomique d’énergie. Selon les estimations, ce secteur serait même responsable de près de 4 % des émissions de gaz à effet de serre (GES). Or, le développement et la démocratisation de l’intelligence artificielle pourraient bien contribuer à une intensification de cette tendance. Un économiste néerlandais a publié une thèse sur le sujet dans la revue Joule le 18 octobre 2023.
Pour Alex de vries, de l’Université Vrije d’Amsterdam, la consommation énergétique du secteur pourrait égaler celle de certains pays entiers tels que l’Argentine, les Pays-Bas ou encore la Suède si le développement de l’IA se poursuit au même rythme qu’actuellement. Il rappelle en effet que chaque serveur responsable du fonctionnement des services d’IA consomme autant qu’une douzaine de maisons individuelles. Or, le monde pourrait compter environ 1,5 million de ces serveurs d’ici à 2027 avec une consommation estimée à 100 Terawatts (TW) par heure, soit 100 milliards de KW. Un calcul rapide permet donc de comprendre l’ampleur du phénomène.
L’eau, une autre ressource surconsommée par l’intelligence artificielle
Si au regard de sa consommation énergétique, la situation autour de l’IA a de quoi inquiéter, il faut aussi savoir que les besoins en eau (utilisée pour le refroidissement des data centers) sont tout aussi préoccupants. Dans le cas de ChatGPT, le traitement de vingt à cinquante requêtes correspond à un litre d’eau. Or, depuis novembre 2022 et le lancement de l’agent conversationnel, la plateforme a été visitée pas moins de dix milliards de fois. Il est ici question d’une consommation en eau équivalente à 400 piscines olympiques, soit environ dix millions d’hectolitres. De plus, ces chiffres concernent seulement ChatGPT et n’incluent donc pas les dizaines d’autres IA existantes.
Les promesses de l’IA pour le futur sont nombreuses et ambitieuses, mais l’empreinte environnementale pose question, au point de relativiser ces mêmes promesses. Pour les responsables du développement de cette technologie, certains leviers devraient être actionnés pour tenter de remédier à la situation. Cela pourrait par exemple passer par le fait d’en repenser la conception pour limiter la consommation en énergie ou encore d’aller vers une utilisation plus responsable. Par exemple, il serait possible de limiter le nombre de requêtes par personne ou de réserver l’IA pour des requêtes vraiment utiles.
