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L’humérus minuscule d’un hobbit bouleverse nos connaissances sur Homo floresiensis

L’humérus minuscule d’un hobbit bouleverse nos connaissances sur Homo floresiensis

  • mercredi 7 août 2024
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L’Homme de Florès (Homo floresiensis), souvent surnommé Hobbit en référence aux héros de l’œuvre de Tolkien, est une espèce éteinte découverte en 2003 sur l’île indonésienne de Florès. Daté de 50 000 à 100 000 ans, il cohabitait avec les humains modernes et représenterait une branche distincte de l’évolution humaine. Il mesurait seulement environ un mètre de haut, une petite taille en lien avec un phénomène appelé nanisme insulaire. Sur les îles, les ressources limitées et l’absence de prédateurs sont autant de pressions qui favorisent en effet l’évolution vers de plus petites tailles pour économiser l’énergie et la nourriture. Toutefois, d’après une nouvelle étude basée sur un os minuscule, il se pourrait que cet ancêtre lointain, qui a déjà ravi le record d’espèce humaine la plus petite, puisse en réalité être… encore plus petit qu’on l’avait imaginé.


Un tout petit humérus

Pour cette étude parue le 6 août 2024 dans Nature Communications, tout est parti d’un simple fragment d’humérus découvert en 2013 sur un site appelé Mata Menge et récemment classé comme ayant appartenu à un Homme de Florès. Sa particularité étonnante est qu’il s’agit du plus petit os jamais répertorié provenant de ce cousin éloigné. « Cet humérus de 700 000 ans n’est pas seulement plus court que ceux d’autres H. floresiensis, c’est aussi le plus petit os du haut du bras connu dans les registres fossiles des Hominini mondiaux », s’exclame Adam Brumm, un archéologue de l’Université Griffith (Australie).

Sans examen complet, tout pourrait porter à croire que cet os, scanné sous toutes les coutures et comparé à l’humérus du spécimen trouvé dans la grotte de Liang Bua ci-dessous, pourrait avoir appartenu à un enfant de cette espèce. Toutefois, l’analyse des structures fonctionnelles cylindriques microscopiques appelées ostéons qui se trouvent dans la surface externe compacte de l’os racontent une tout autre histoire. En effet, le nombre, la taille et l’agencement des ostéons changent à mesure que l’os évolue au cours de la vie, indiquant ainsi l’âge de l’individu au moment de sa mort. Les chercheurs ont ainsi pu établir qu’il s’agissait bel et bien d’un os adulte. Sa structure microscopique ressemble d’ailleurs à s’y méprendre à celle de l’humérus d’un Homo Sapiens adulte, bien que son propriétaire ne faisait guère plus d’un mètre.

petit os Homme de Florès (Homo floresiensis) Hobbit humérus
Le morceau d’humérus de Mata Menge (à gauche) comparé à la même échelle avec celui de Liang Bua (au milieu). Crédits : Yosuke Kaifu

Une découverte qui remet en question nos connaissances sur Homo floresiensis

C’est en 2003 que furent découvertes les premières traces d’H. floresiensis dans la grotte de Liang Bua, sur un site naturel souterrain qui se situe à l’ouest de l’île de Florès, en Indonésie. Or, d’après les estimations réalisées au cours de cette étude en se basant sur un fémur, le spécimen trouvé à l’époque mesurait un mètre et six centimètres, soit six centimètres de plus que celui de Mata Menge nouvellement décrit.


« Ce spécimen très rare confirme notre hypothèse selon laquelle les ancêtres d’Homo floresiensis étaient extrêmement petits en termes de taille. Toutefois, il est à présent évident au regard des proportions minuscules de ce membre que les premiers aïeuls du ‘Hobbit’ étaient encore plus petits que nous ne le pensions auparavant », affirme Adam Brumm.

Surtout un manque de connaissances sur Homo floresiensis

Outre un total de dix fossiles dont deux d’adultes et deux d’enfants, le site de Mata Menge a également permis de mettre au jour en 2015 et 2016 deux dents particulièrement petites elles aussi, l’une d’un adulte et l’autre d’un enfant. Leur forme pourrait indiquer que l’Homme de Florès pourrait être un descendant direct de populations d’Homo erectus issues de Java, une île volcanique indonésienne située entre Sumatra et Bali. Si cela venait à se confirmer, cela pourrait augmenter les doutes concernant l’origine ancestrale africaine des plus petits humains. Surtout, cette découverte prouve à quel point nous en savons encore peu sur l’histoire évolutionnaire de ces Hobbits insulaires.

Selon Adam Brumm, avec ces fossiles, tout porte à croire que cette espèce « a en effet commencé à exister quand un groupe d’Hominini asiatiques ancien connu comme Homo erectus s’est d’une manière ou d’une autre retrouvé isolé sur cette île indonésienne éloignée, peut-être il y a un million d’années, et a subi une réduction spectaculaire de sa taille au fil du temps. » Toutefois, si les habitants de villages locaux actuels tels que Rampasasa ne sont pas très grands non plus, une étude génétique en 2018 n’avait découvert aucun lien direct avec H. floresiensis, laissant ainsi planer toujours plus de zones d’ombre sur la vraie histoire du Hobbit et sa trajectoire évolutive mystérieuse.

Vous pouvez consulter l’étude en complet ici.

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