Un archéologue de Corinthe, en Grèce, a récemment identifié les vestiges d’une prison datant de l’Empire romain. Cette découverte rare et précieuse apporte un nouvel éclairage sur les conditions de détention de l’époque.
Identification de la prison romaine
La récente découverte d’une prison à Corinthe par Matthew Larsen, archéologue et professeur à l’Université de Copenhague, représente une avancée significative dans la compréhension des structures carcérales de l’époque de la Rome antique. Malgré la mention fréquente de prisons dans les documents historiques romains, très peu de vestiges archéologiques de telles structures ont été retrouvés. Cette découverte apporte donc un éclairage précieux sur une partie méconnue de l’Empire romain.
L’identification du site en tant que prison repose sur plusieurs indices archéologiques. L’un des éléments clés est la présence d’inscriptions sur le sol. Il s’agit plus précisément des supplications désespérées des prisonniers rédigées en grec.
À noter que ces inscriptions sont présentes à l’intérieur des nombreuses fissures qui jonchent le sol. Cela suggère qu’elles ont été écrites après que le sol ait été endommagé, ce qui renforce l’idée qu’il faisait partie de la prison d’origine.
En plus des inscriptions, d’autres preuves matérielles soutiennent cette conclusion. Des fragments de cruches (« olpai ») et de lampes ont été découverts dans la partie orientale de la structure, indiquant que ces objets servaient à fournir aux détenus de l’eau et de la lumière. La découverte de petites latrines dans l’une des chambres du site suggère qu’elles étaient destinées à l’usage des prisonniers ou de leurs gardiens.

Conditions de vie et témoignages des prisonniers
Les inscriptions découvertes sur le site offrent un aperçu saisissant des conditions de vie difficiles des prisonniers et révèlent une atmosphère de désespoir et de détresse. Certaines inscriptions implorent même la vengeance divine contre ceux qui les ont emprisonnés, comme le démontrent ces deux phrases : « Seigneur, fais-les mourir d’une mort atroce », et « que le sort de ceux qui souffrent dans ce lieu sans loi l’emporte ».
Une inscription en particulier évoque l’expérience d’un groupe de prisonniers ayant passé un hiver dans la prison : « Dieu-porteur, punis [la punition infligée par] Marinos, celui qui nous a jetés ici et nous a fait passer l’hiver ». Cette mention souligne les souffrances physiques et psychologiques subies par les détenus qui devaient être accentuées par les températures basses de cette période.
Malgré la dureté de leur condition, certaines inscriptions suggèrent que les prisonniers tentaient de s’occuper en jouant, comme en témoignent les représentations de plateaux de jeu. D’autres contiennent également des prières ou évoquent des relations amoureuses.
La découverte de cette prison romaine à Corinthe constitue donc une avancée majeure dans notre compréhension de cet ancien système carcéral. Ces inscriptions, qu’elles soient terrifiantes ou émouvantes, nous rappellent les réalités souvent dures de l’emprisonnement à l’époque romaine et apportent une dimension humaine aux vestiges archéologiques.