De nombreux événements déterminants dans le domaine de l'astronomie se sont produits en 2022. Entre autres, le télescope spatial James-Webb a fourni ses premiers résultats, le premier pas du retour des humains sur la Lune a été franchi, et l'humanité est parvenue à dévier un astéroïde ! Retour en images sur ces missions réussies, et sur d'autres épisodes marquants de 2022.

La toute première image du James-Webb, dévoilant le ciel profond

Lancé le 25 décembre 2021, le télescope spatial James-Webb a atteint son point d'arrivée un mois plus tard, commençant son exploration du ciel début 2022. C'est en juillet que sa toute première photo a été dévoilée. On y observe le ciel profond, à travers l'amas de galaxies Smacs 0723. Il abrite des milliers de galaxies, dont certaines visibles seulement dans l'infrarouge, jamais observées jusqu'à aujourd'hui ! C'est l'instrument NIRCam, spécialiste de ce domaine de longueurs d'onde, qui a permis en plusieurs semaines de créer cette image composite. Au total, elle a nécessité environ 12,5 heures de pose, et de nombreuses images qui ont ensuite été assemblées !

La toute première image du James-Webb montre l'amas de galaxies Smacs 0723, tel qu'il était il y a 4,6 milliards d'années ! © Nasa, ESA, CSA, STScI

Les inondations dévastatrices au Pakistan vues depuis le ciel

En septembre 2022, le Pakistan s'est retrouvé noyé sous de féroces inondations, privant un tiers des habitants du pays de leur foyer et de tout ce qu'ils possédaient, soit plusieurs dizaines de millions de personnes. Une aide humanitaire a été demandée en urgence, alors que les récoltes et les animaux d'élevage ont été décimés. En cause, le réchauffement climatique, comme pour la plupart des événements climatiques extrêmes, de plus en plus nombreux. Les inondations dévastatrices au Pakistan ne font pas exception, alors que le pays avait déjà connu des records de chaleur à plus de 50 °C au mois de mai ! S'en sont suivies des pluies diluviennes de juillet à septembre pendant la mousson, allant jusqu'à créer de nouveaux lacs ! Les terres inondées le sont de plus restées au moins un mois après l'arrêt des pluies, empêchant le début d'un retour à la normale.

L'évolution du fleuve Indus et du lac Manchar, sur les images infrarouges entre le 24 juin et le 13 octobre 2022. © Nasa

Le décollage d'Artemis, marquant la première étape d'un retour sur la Lune

Après plusieurs semaines de report, la mission Artemis I a enfin été enclenchée ! La mégafusée SLS (Space Launch System) a décollé le 16 novembre depuis le Centre spatial Kennedy de la Nasa. Le but de cette première étape du programme Artemis est de survoler la Lune, avant de revenir sur Terre. Pas question pour le moment de s'y poser, ni d'y amener des humains. Ces deux critères seront petit à petit remplis, d'abord avec Artemis II qui embarquera trois astronautes pour survoler la Lune, puis avec Artemis III, qui cette fois emmènera un équipage complet pour se poser sur le sol lunaire ! Pour le moment, cette dernière mission est prévue pour 2025, mais sera probablement retardée, car dépendante du Starship lunaire de SpaceX qui ne sera pas prêt en 2025.

Décollage du SLS, le mercredi 16 novembre 2022. © Nasa, Bill Ingalls

La Terre vue depuis le module Orion

De nouveau Artemis I, cette fois avec une splendide vue prise par le module Orion, embarqué à bord du SLS. Peu de temps après le décollage, la capsule a été éjectée par le lanceur, pour continuer sa course. Et à quelque 92 000 kilomètres de la Terre, il a réalisé quelques selfies grâce aux diverses caméras qu'il a embarquées, montrant des vues époustouflantes de notre Planète ! Après 13 jours de mission, soit la moitié, Orion a atteint la plus grande distance avec la Terre jamais réalisée par un vaisseau spatial destiné à recevoir un équipage : 432 210, détrônant le précédent record provenant de la mission Apollo 13 en 1970. Vingt-cinq jours après le décollage, la capsule est retournée indemne sur Terre, en amerrissant au large de l'île mexicaine de Guadalupe.

Le vaisseau Orion vu depuis une caméra embarquée au bout d'un panneau solaire, avec la Terre en arrière-plan. © Nasa

Mission Dart : la vue juste avant l’impact avec l'astéroïde

C'est la première fois que l'humanité parvient à dévier un astéroïde ! La première fois qu'elle essaie, aussi. L'impact s'est produit dans la nuit du 26 au 27 septembre, après 10 mois de voyage. La sonde Dart, lancée le 24 novembre 2021, a violemment percuté l'astéroïde Dimorphos, une petite lune de 160 mètres de diamètre en orbite autour de l’astéroïde Didymos. Et est parvenue à modifier son orbite ! Les deux corps ne représentaient pas de danger pour la Terre, mais constituaient un parfait terrain de jeu pour s'essayer aux techniques de défense planétaire. Par la suite, cette mission servira de point de repère si un astéroïde vient à croiser dangereusement notre Planète.

Dans la nuit du 26 au 27 septembre 2022, la sonde spatiale Dart est entrée en collision avec Dimorphos (160 mètres de diamètre), petit astéroïde de la taille du Colisée à Rome, accouplé à Didymos (780 mètres de diamètre). © Nasa, Jhons Hopkins APL

Les nouveaux astronautes de l’ESA

La nouvelle sélection a été annoncée le 23 novembre 2022, après plus d'un an et demi de processus de recrutement. Elle fait suite aux sélections de 1978, 1992 et 2009. Parmi les nouveaux astronautes de l'ESA, deux nouveaux corps, celui des réservistes comptant 12 membres, et celui des parastronautes. Ce dernier compte un seul membre, John McFall, qui pourrait peut-être devenir le premier astronaute en situation de handicap à aller dans l'espace ! Au total 22 523 candidatures avaient été déposées en 2021, contre moins de 20 sélectionnées ! Cinq astronautes actifs ont été choisis, dont la Française Sophie Adenot, lieutenant-colonel dans les forces armées françaises Air et Espace.

L'ESA dévoile la nouvelle promotion des astronautes européens, qui comprend des astronautes actifs, un parastronaute et des réservistes. © ESA, S. Corvaja

Mars : le début des dépôts d'échantillons 

Le 21 décembre, le rover Perseverance a déposé un étrange tube sur le site martien « Three Forks ». Avec une allure similaire à celle d'un sabre laser digne de Star Wars, ce petit tube contient des échantillons de la surface de Mars, et est le premier d'une série de 10 tubes qui seront amenés dans les prochains mois sur le site. Lors de la mission Mars Sample Return, Perseverance les apportera directement à un futur atterrisseur robotique, qui les confiera ensuite à une petite fusée chargée de les amener en orbite martienne avant leur retour sur Terre. Retour qui se fera à l'aide d'un autre vaisseau spatial, qui capturera le conteneur d'échantillons avant de repartir ! L'analyse de ces échantillons ne se fera cependant pas avant 2033, date prévue de leur arrivée.

Ce petit tube en titane abrite le graal des scientifiques qui étudient la Planète rouge. Il renferme et protège des rayons UV plusieurs grammes d'échantillons de la surface de Mars, qu'a collectés le rover Perseverance. © Nasa

Le Soleil vu par Solar Orbiter 

Lancée le 15 juin 2020, la sonde Solar Orbiter s'est approchée au plus près du Soleil le 23 mars 2022, à seulement 0,32 UA, soit 48 millions de kilomètres ! À seulement 32 % de la distance Terre-Soleil, cela a placé le vaisseau spatial à l'intérieur de l'orbite de la planète intérieure Mercure ! Et seulement quelques jours après ce passage, des images inédites de la surface de notre étoile ont été dévoilées par l'agence spatiale européenne. Dont une en particulier, montrant une sorte de « hérisson » solaire, qui s'étend sur environ 25 000 kilomètres, avec une multitude de pics de gaz chauds et froids dans toutes les directions. L'image a été capturée par l'Extreme Ultraviolet Imager (EUI), et correspond en fait à un assemblage de 25 images différentes !

« Hérisson » solaire observé par l’instrument EUI de Solar Orbiter le 30 mars 2022. © ESA & Nasa, Solar Orbiter, EUI Team

Dans le Sahara, un cratère presque parfait

Au cœur du désert du Sahara se trouve l'un des cratères les mieux préservés de la planète : le cratère Tenoumer. D'un diamètre de 1,9 kilomètre et d'une profondeur de 110 mètres, il se trouve pile au centre de la photo prise en mai 2022, et semble presque ajouté à la main ! Les chercheurs se sont longtemps demandé s'il s'était formé par un volcan ou par une météorite, notamment car des roches basaltiques ont été trouvées tout autour du cratère. Finalement, des études ont révélé que cette sorte de lave correspondait à d'anciennes roches fondues sous l'impact d'une météorite ! S'il se trouve au beau milieu d'une ancienne plaine de roches datant d'avant les dinosaures, le cratère Tenoumer est, quant à lui, assez jeune, avec un âge compris entre 10 000 et 30 000 ans.

Le cratère Tenoumer, au centre de l'image. © ESA

Hubble a fêté ses 32 ans avec un groupement de galaxies

Lancé en 1990, le télescope Hubble a célébré ses 32 ans cette année, dévoilant pour l'occasion un groupement de galaxies, appelé « Hickson Compact Group 40 », ou HCG40. Parmi les cinq galaxies de la photo, une galaxie dite elliptique et une galaxie lenticulaire. Quant aux trois autres, elles sont en forme de spirales, à l'instar de la Voie lactée. Situé vers la constellation de l'hydre, le groupe est si compact qu'il tiendrait dans une région de l'espace qui fait moins de deux fois le diamètre du disque stellaire de notre Voie lactée. Ceci en raison de la matière noire qui l'entoure, causant un rapprochement entre chaque galaxie, qui mènera ensuite à une collision ! Si James-Webb est bien considéré comme son successeur, il ne faut pas oublier toutes les découvertes qu'Hubble a effectuées. On compte notamment celle de l'accélération de l'expansion de l'Univers, ou encore la détermination de sa taille, et de son âge !

Le groupement de galaxies HCG40. © Nasa, ESA, STScI, Alyssa Pagan

Les températures au sol à Paris cet été

Cette fois ce n'est pas d'un astre qu'il est question, ou plutôt de celui que l'on habite, et plus précisément de sa température ! L'image en couleurs, rendue possible grâce à l'instrument Ecostress de la Nasa, représente la température au sol à Paris le 18 juin 2022. Et dans certaines zones, on dépasse les 45 °C, pour aller jusqu'à 48 °C. Le mois de juin a en effet flambé les records précédents de température, avec plus de 50 °C dans certaines régions du monde, comme en Inde ou au Pakistan. Les températures étaient à environ 10 °C au-dessus de la normale. Et c'est dans les villes que la chaleur s'est révélée la plus étouffante, en particulier dans les zones non végétalisées. On peut le voir par les quelques îlots de fraîcheur en vert, correspondant à des parcs, des bois ou des forêts.

La température au sol à Paris le 18 juin 2022, l'échelle va de 32 °C à 48 °C. © ESA

Mercure vue par BepiColombo

Depuis son lancement en 2018, la sonde BepiColombo, appartenant à l'ESA et la Jaxa, a réalisé deux survols de Mercure, le premier en octobre 2021, et le second en juin 2022. Révélant pour l'occasion des vues inédites de la planète la plus proche du Soleil ! Appartenant aux planètes telluriques, Mercure est la plus petite du Système solaire, avec 4 880 kilomètres de diamètre. Sa proximité avec le Soleil la rend difficile à observer. La photo ci-dessous dévoile au premier plan des éléments appartenant à la sonde spatiale, puis de nombreux détails de la surface de Mercure apparaissent, dont le cratère d'impact Debussy entouré de ses éjectas. BepiColombo réalisera six survols de Mercure, grâce à l'assistance gravitationnelle de la planète.

Mercure photographiée par la sonde BepiColombo lors de son deuxième survol, le 23 juin 2022. © ESA, BepiColombo, MTM, CC BY-SA 3.0 IGO

La comète Leonard, grande gagnante des photos d'astronomie de 2022

Chaque année, depuis 14 ans, l'observatoire royal de Greenwich organise le concours « Astronomy Photographer of the Year », qui récompense les plus belles photos d'astronomie de l'année. En 2022, c'est un cliché de la comète Leonard, ou C/2021 A1 qui a remporté le premier prix, parmi 35 autres photographies. Photographiée par Gerald Rhemann, elle a été découverte en 2021 par l'astronome Greg Leonard. Et l'image montre un événement clé de la vie de cette comète : la déconnexion de la queue, ou lorsqu'un morceau de la queue de la comète se sépare du reste. Le phénomène s'est produit après que la comète a été touchée par des particules solaires à grande vitesse.

La comète Leornard, découverte par G.J. Leonard le 3 janvier 2021. Sur cette image, on peut voir qu'un morceau de la queue de la comète a été arraché et emporté par le vent solaire. Cette photo, réalisée par Gerald Rhemann le 25 décembre 2021 est la grande gagnante du concours. © Gerald Rhemann