PIA AFRICA
Rechercher
Ajouter
Les pandas ont été « trompés » pour devenir les plus grands fans de bambou du monde

Les pandas ont été « trompés » pour devenir les plus grands fans de bambou du monde

  • lundi 3 mars 2025
  • 21

Bien qu’ils appartiennent à l’ordre des carnivores, les pandas géants passent jusqu’à seize heures par jour à manger exclusivement du bambou. Ce régime alimentaire intrigue depuis longtemps les scientifiques : pourquoi ces ours noirs et blancs dotés de dents et d’un système digestif adaptés à la viande se sont-ils tournés vers cette plante pauvre en nutriments ? Une découverte génétique récente pourrait enfin apporter une réponse fascinante.


Une découverte qui change la donne

Le panda géant (Ailuropoda melanoleuca) est un véritable paradoxe biologique. Bien qu’il soit classé parmi les carnivores, il dépend quasi exclusivement du bambou pour sa survie et en consomme jusqu’à quinze kilos par jour. Ce choix alimentaire est d’autant plus surprenant que le bambou est peu nutritif et difficile à digérer. Pendant longtemps, les scientifiques se sont interrogés : pourquoi cet animal s’est-il adapté à un régime aussi exigeant et peu énergétique ?

Une équipe internationale de chercheurs dirigée par l’Université normale de Chine de l’Ouest a récemment levé le voile sur ce mystère. Leur étude, publiée dans la revue Frontiers in Veterinary Science, révèle que de minuscules molécules issues du bambou, appelées microARN (miARN), pénètrent dans le corps des pandas et modifient l’expression de leurs gènes. Cette interaction génétique inter-règnes (entre plantes et animaux) influence directement les préférences alimentaires et les mécanismes physiologiques de l’animal.

Comment le bambou modifie les gènes des pandas

En analysant des échantillons de sang de sept pandas géants (trois femelles adultes, trois mâles adultes et une femelle juvénile) et plusieurs espèces de bambou, les chercheurs ont identifié 57 microARN végétaux présents dans le sang des pandas. Les microARN sont de petites molécules qui jouent un rôle crucial dans la régulation de l’expression des gènes. Contrairement à l’ARN messager (ARNm), qui transmet les instructions pour la fabrication des protéines, les microARN modifient la production de ces protéines en se liant à des séquences complémentaires.


Dans le cas des pandas, les microARN dérivés du bambou influencent un large éventail de fonctions physiologiques. Par exemple, ils modulent les gènes responsables de la perception du goût, notamment en augmentant la sensibilité à l’amertume, une adaptation utile pour éviter les plantes toxiques. Ils interviennent également dans le métabolisme et le système immunitaire, ce qui aide les pandas à mieux absorber les faibles nutriments contenus dans le bambou.

L’un des aspects les plus fascinants de cette découverte réside dans l’impact des microARN sur le système de récompense du cerveau. Certains de ces microARN régulent en effet la production de dopamine, un neurotransmetteur associé au plaisir et à la motivation. Or, cette interaction pourrait expliquer pourquoi les pandas prennent plaisir à consommer du bambou, malgré la monotonie et la faible valeur nutritive de cette alimentation.

pandas bambou
Crédits : Stefan Rotter/istock

Une adaptation cruciale pour la survie

Cette influence génétique inter-règnes a probablement joué un rôle déterminant dans l’évolution et la survie des pandas géants. En adaptant leur physiologie et leur comportement à la consommation exclusive de bambou, ces animaux ont pu exploiter une ressource végétale abondante et peu concurrentielle. Cette spécialisation alimentaire a sans doute contribué à leur adaptation à des environnements spécifiques, bien que cela les rende aujourd’hui particulièrement vulnérables aux changements environnementaux.


Au-delà de l’explication du régime alimentaire des pandas, cette étude ouvre des perspectives passionnantes pour la recherche génétique et la conservation des espèces. Elle met en lumière l’importance des interactions complexes entre l’alimentation, les gènes et le comportement. Ces découvertes pourraient également avoir des applications pour la santé humaine, notamment dans le développement de nouvelles thérapies basées sur les microARN.

En comprenant mieux les mécanismes génétiques qui sous-tendent les préférences alimentaires et les adaptations physiologiques, les chercheurs pourraient concevoir des stratégies plus efficaces pour la conservation des pandas géants et d’autres espèces menacées.

Retrouver cet article sur Sciencepost
Un processeur inspiré du chat de Schrödinger promet de révolutionner les ordinateurs quantiques Article précédent
Un processeur inspiré du chat de Schrödinger promet de révolutionner les ordinateurs quantiques
Découverte d’un type de cellules cérébrales jamais observé Article suivant
Découverte d’un type de cellules cérébrales jamais observé

Commentaire - 0

Se connecter pour laisser un commentaire