Les microplastiques sont devenus l’une des préoccupations environnementales majeures du vingt et unième siècle. Ces minuscules fragments de plastique, généralement de moins de cinq millimètres, se retrouvent désormais partout : dans l’air que nous respirons, dans l’eau que nous buvons et dans la nourriture que nous consommons. Néanmoins, ce qui est encore plus inquiétant, c’est que les microplastiques ont été retrouvés dans des parties du corps humain telles que les poumons, les reins, le foie, le cœur et même le cerveau. Ce phénomène soulève une question fondamentale : les microplastiques représentent-ils un danger réel pour notre santé ?
L’omniprésence du plastique dans nos vies
En raison de ses qualités exceptionnelles (légèreté, souplesse, durabilité et coût peu élevé), le plastique est devenu omniprésent dans notre quotidien. Depuis sa première production dans les années 1950, la production mondiale a explosé pour atteindre aujourd’hui 440 millions de tonnes par an. Cependant, cet incroyable succès a un prix. Cette matière n’est ni biodégradable ni facilement recyclée. En conséquence, une énorme quantité de déchets plastiques s’accumule dans l’environnement chaque année. Une partie de ces déchets se dégrade lentement, formant des microplastiques qui se répandent dans tous les coins de la planète.
Les microplastiques ont été découverts dans les océans au début des années 2000. Depuis, la situation a empiré. Ces particules de plastique ne se contentent pas de polluer les écosystèmes marins. Elles se retrouvent également dans l’air, l’eau et la nourriture que nous consommons. À mesure que les scientifiques découvrent de nouvelles sources de pollution plastique, il devient clair que ces microplastiques sont non seulement omniprésents, mais aussi persistants dans notre environnement.
Une menace invisible pour la santé humaine
La présence de microplastiques dans le corps humain a été confirmée à plusieurs reprises, ce qui soulève de vives inquiétudes. Mais ces particules microscopiques que l’on ingère par l’alimentation ou que l’on inhale par le biais de l’air pollué sont-elles réellement dangereuses pour notre santé ?
Les scientifiques savent depuis longtemps qu’en raison des produits chimiques qu’il contient, le plastique peut avoir des effets néfastes sur la santé. Ces substances incluent des composés tels que les phtalates et le bisphénol A (BPA), connus pour leur capacité à perturber le système endocrinien. Cependant, les microplastiques sont souvent composés de plusieurs types de plastiques, chacun avec ses propres caractéristiques et effets potentiels. Par ailleurs, il est impossible de réaliser une étude de contrôle pour observer leurs effets sur des individus non exposés puisque ces particules sont présentes dans quasiment tous les milieux.
Pour ces raisons, les effets spécifiques des microplastiques sur le corps humain restent en grande partie flous. Néanmoins, plusieurs études menées sur des animaux ont montré des résultats préoccupants. Par exemple, une étude a révélé que l’exposition des souris pouvait entraîner des signes de défaillance organique, des troubles immunitaires et des anomalies neurologiques.
Des études récentes ont aussi trouvé des microplastiques dans des plaques de dépôt retirées des artères cardiaques de patients qui ont subi une intervention pour des problèmes cardiaques. Environ 60 % des plaques analysées contenaient des microplastiques et les patients qui portent ces particules dans leur système étaient plus susceptibles de subir un accident vasculaire cérébral ou une crise cardiaque.
Cependant, ces études ne prouvent pas de manière absolue une relation de cause à effet et il est difficile de dire dans quelle mesure les microplastiques contribuent réellement à ces problèmes de santé.
Une menace qu’il ne faut pas ignorer
Si des liens entre la pollution par les microplastiques et certains problèmes de santé semblent se dessiner, il est donc trop tôt pour établir des causes directes et des effets à long terme. Néanmoins, l’omniprésence de ces particules dans notre environnement et notre corps humain incite à une vigilance accrue.
Malgré tout, et dans le doute, il devient donc crucial de prendre des mesures pour réduire la quantité de microplastiques présents dans notre environnement. Les gouvernements du monde entier commencent à reconnaître la gravité de la situation. En 2022, les Nations Unies ont commencé à travailler sur un traité mondial pour réduire la pollution plastique avec l’objectif de trouver des solutions pour limiter la production de plastique et de microplastiques, et de promouvoir des alternatives plus durables.
Le recyclage du plastique et le développement de nouvelles technologies pour réduire l’usage des plastiques à usage unique sont des étapes importantes dans cette lutte. Cependant, ces initiatives restent insuffisantes si les industries majeures, comme celle du textile et des pneus, ne modifient pas leurs pratiques de manière plus significative. Ces secteurs sont en effet responsables de la majorité des microplastiques présents dans l’environnement, notamment par le biais de l’usure des vêtements synthétiques et des pneus.
