Longtemps chassées pour leur fourrure, les loutres de mer reviennent en nombre, et leur répartition montre leur rôle de régulateur majeur qu’elles jouent au sein de leurs écosystèmes. Celles-ci protègent en effet un genre de mélange d’algues stockant le carbone de l’atmosphère dans les fonds marins.
Des “héroïnes” du changement climatique
Les loutres de mer (Enhydra lutris) vivent dans le Pacifique Nord, sur un territoire très vaste. Ce dernier s’étend de l’île d’Hokkaido (nord du Japon) à l’Alaska, en passant par la Californie et le Kamtchatka (Russie). Il s’agit là de la plus aquatique et la plus massive des loutres (45 kg), mais aussi de la seule à être capable de vivre dans la mer de façon permanente. Dans un article du 15 septembre 2021, la BBC érige cette espèce en “héroïne du changement climatique”.
Longtemps chassées pour leur fourrure, les loutres de mer se multiplient à nouveau dans les régions citées. Elles assurent un rôle de régulateur majeur au sein des écosystèmes. En effet, elles protègent le varech, un genre de mélange d’algues brunes, rouges ou vertes. Or, ce dernier capte le carbone de l’atmosphère pour le stocker dans les fonds marins, empêchant toute reconversion en dioxyde de carbone, et donc tout rejet participant au réchauffement climatique.

Des avantages, mais aussi des inconvénients
Des chercheurs ont fait le constat suivant : lorsque les loutres de mer sont présentes, le varech prospère. Toutefois, les habituelles forêts de varech deviennent des déserts sous-marins en l’absence des loutres. Ainsi, ces animaux sont essentiels à la survie de ces mélanges d’algues. Il s’avère que les loutres de mer ont un énorme appétit, surtout lorsqu’il devient question de se nourrir d’oursins. En les dévorant, elles empêchent ainsi cette espèce de proliférer. Or, les oursins eux-mêmes se nourrissent abondamment de varech.
Pour Heidi Pearson, biologiste marine à l’Université d’Alaska Sud-Est (États-Unis), les loutres de mer sont une “clé de voûte” responsable de la stabilité de l’ensemble des écosystèmes qu’elles fréquentent. Par ailleurs, ces animaux mangent les crabes, qui eux-mêmes se nourrissent d’escargots et de limaces dont l’action contribue à nettoyer les algues. En dévorant les crabes, les loutres de mer contribuent activement à ce nettoyage.
Enfin, la loutre a un point négatif malgré les avantages décrits plus haut. Certains observateurs estiment que ces animaux sont tellement voraces qu’ils affecteraient aussi la pêche commerciale. Ainsi, leur réintroduction dans certains milieux doit faire l’objet d’études précises afin de seulement bénéficier de leurs effets positifs sur l’environnement.