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Les loups préhistoriques ont-ils choisi de devenir des chiens ?

Les loups préhistoriques ont-ils choisi de devenir des chiens ?

  • vendredi 14 février 2025
  • 20

Depuis des siècles, on pense que les chiens sont les résultats de siècles de sélection humaine : les loups les plus dociles se seraient rapprochés des campements humains et au fil des générations, ils se sont transformés en compagnons fidèles. Toutefois, une nouvelle étude remet cette idée en question. Selon cette recherche, la domestication des loups pourrait en effet avoir été un processus bien plus rapide et naturel que ce que l’on croyait, peut-être même sans intervention active des humains. 


Une histoire de domestication classique

La théorie classique de la domestication des chiens repose sur l’idée que les ancêtres des chiens modernes, les loups gris sauvages, étaient des prédateurs féroces, craintifs et indépendants. Cependant, certains loups, probablement ceux dotés d’une nature plus docile et moins agressive, ont commencé à s’approcher des campements humains. Attirés par la nourriture disponible, ils auraient alors progressivement formé une relation symbiotique avec les humains. Les uns offraient les restes de nourriture tandis que les autres protégeaient des dangers.

Au fil du temps, les humains auraient alors commencé à sélectionner délibérément les loups les plus amicaux et les plus aptes à cohabiter avec eux, un processus connu sous le nom de sélection artificielle. L’idée était de faire se reproduire les individus les plus dociles et moins agressifs afin de créer des chiens plus sociables et moins enclins à chasser ou à attaquer. Bien qu’efficace, ce processus aurait été long et aurait nécessitait plusieurs générations pour obtenir les caractéristiques que nous reconnaissons aujourd’hui chez nos compagnons à quatre pattes.

On estime aujourd’hui que cette domestication aurait pris environ 15 000 ans, une durée relativement courte en termes évolutifs, mais un effort continu et minutieux pour parvenir à transformer un prédateur sauvage en un animal domestiqué et fiable. Cependant, ce modèle soulève une question : un tel changement aurait-il pu se produire si lentement sans l’intervention humaine directe et si les loups n’avaient pas été autant poussés à changer ? C’est la question à laquelle une nouvelle étude tente de répondre.


loups meute animaux sauvages
Crédits : AB Photography/iStock

Une étude qui bouleverse la vision traditionnelle

Pour explorer cette idée, les chercheurs ont utilisé des modèles mathématiques avancés pour simuler l’évolution des loups dans divers scénarios. Les résultats ont révélé une découverte surprenante : il est possible que les loups se soient transformés en chiens de manière plus autonome, sans intervention humaine aussi marquée que ce que l’on pensait.

Dans le détail, selon cette recherche, les loups qui s’approchaient des campements humains ne se seraient pas contentés de chercher des restes alimentaires. En réalité, ces loups, plus tolérants et moins craintifs envers les humains, auraient formé un groupe distinct de loups sauvages. En s’accouplant entre eux, ils auraient alors progressivement développé des traits caractéristiques des chiens d’aujourd’hui. Cette évolution aurait pu se produire par sélection naturelle en favorisant les individus plus sociables et adaptés à la proximité humaine.

Ainsi, loin de nécessiter une intervention humaine directe dans le processus de reproduction, ces loups auraient perdu leur nature sauvage de manière presque autonome. Ce concept est connu sous le nom de protodomestication. Leur transformation en chiens aurait été guidée par un phénomène naturel où leur tolérance envers l’Homme les aurait amenés à se reproduire entre eux, donnant naissance à une nouvelle espèce au fil du temps. Ce modèle suggère que la domestication des chiens pourrait avoir été beaucoup plus rapide et indépendante de l’action humaine qu’on ne l’avait imaginé (environ 8 000 ans au lieu de 15 000 ans).


Vers une révision de l’histoire ? Pas si vite

Malgré cette hypothèse convaincante, les chercheurs reconnaissent que leurs résultats « ne peuvent ni prouver ni infirmer la cause de la domestication précoce des loups ». Il reste en effet tout à fait possible que la sélection artificielle humaine ait bien joué un rôle clé dans ce processus. Ils soulignent également que les communautés préhistoriques n’auraient peut-être pas apprécié la présence de loups autour de leurs campements et les auraient chassés pour éviter que leurs restes ne soient pris, ce qui remettrait en question l’idée même de la protodomestication.

Néanmoins, les résultats de l’étude suggèrent que « cette hypothèse ne peut pas être écartée en raison de contraintes temporelles ». Autrement dit, les loups ont probablement eu suffisamment de temps pour évoluer naturellement et se transformer en chiens sans intervention humaine directe.

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