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Les anciens marins des Philippines maîtrisaient déjà la navigation il y a 40 000 ans

Les anciens marins des Philippines maîtrisaient déjà la navigation il y a 40 000 ans

  • mardi 25 février 2025
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L’histoire de la navigation est souvent dominée par les grandes découvertes maritimes des Européens, tels que Magellan ou par les exploits des Polynésiens qui traversaient l’immensité du Pacifique. Cependant, des découvertes récentes en Asie du Sud-Est insulaire (ISEA), particulièrement aux Philippines et à Timor-Leste, révèlent une tout autre histoire : celle de peuples préhistoriques qui maîtrisaient la mer bien avant l’ère des grands explorateurs. Ces peuples avaient développé des technologies maritimes sophistiquées bien plus anciennes qu’on ne l’imaginait.


Des traces de navigation vieille de 40 000 ans

De récentes découvertes archéologiques en Asie du Sud-Est insulaire (ISEA), notamment à Mindoro aux Philippines et à Timor-Leste, bousculent notre vision des capacités maritimes des peuples préhistoriques. Sur ces sites, des outils en pierre portaient des traces microscopiques d’usure et de résidus végétaux qui suggèrent que dès 40 000 ans, les habitants de ces îles extrayaient des fibres végétales pour fabriquer des cordages et d’autres matériaux essentiels à la construction d’embarcations. Ces découvertes révèlent que des peuples anciens possédaient déjà des compétences maritimes avancées bien avant les grandes civilisations maritimes que l’on associe habituellement à la navigation, comme les Polynésiens ou les Austronésiens.

L’utilisation de fibres végétales jouait un rôle central dans cette avancée maritime. Pour construire des embarcations capables de naviguer sur de longues distances et relier des îles éloignées, ces premiers navigateurs de l’ISEA maîtrisaient un savoir-faire précis. En extrayant et en transformant des fibres de plantes, ils fabriquaient des cordages solides, essentiels pour assembler des structures composées de bois et de roseaux. Bien avant l’émergence de technologies métalliques complexes, cette technique de construction navale représente une véritable innovation pour l’époque et démontre que ces peuples étaient loin d’être isolés.

Ainsi, ces découvertes montrent que les peuples de l’ISEA préhistorique avaient non seulement une connaissance poussée des ressources naturelles, mais avaient également développé des compétences maritimes remarquables qui défient les idées reçues sur l’histoire de la navigation.


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Crédits : Fuentes et Pawlik, 2025

La pêche en haute mer : un indice clé de la navigation avancée

Les restes de poissons retrouvés sur les mêmes sites archéologiques apportent une autre preuve importante : ces peuples n’étaient pas seulement des pêcheurs côtiers, mais des navigateurs de haute mer. Des espèces marines telles que le thon et le requin, connues pour fréquenter les profondeurs océaniques, ont été retrouvées, indiquant que ces anciens marins étaient capables de parcourir de grandes distances en mer pour pêcher. Ces traces de pêche en haute mer suggèrent ainsi que les peuples de l’ISEA maîtrisaient non seulement les techniques de navigation, mais également les phénomènes saisonniers et les migrations des poissons, ce qui témoigne d’une connaissance approfondie de leur environnement maritime.

Cela réfute l’idée qu’ils étaient simplement des dériveurs passifs, transportés par les courants sur de fragiles radeaux. Bien au contraire, ils possédaient une véritable maîtrise des courants et des conditions océaniques, ce qui leur permettait de naviguer avec une grande précision. De telles capacités de navigation en haute mer nécessitaient des embarcations robustes, conçues pour résister aux conditions difficiles et aux longs voyages. Il est donc probable que les bateaux utilisés aient été des constructions complexes composées de matériaux organisés de manière astucieuse et soutenus par des cordages végétaux.

L’expérimentation pour reconstituer les anciens savoirs maritimes

Dans le but de mieux comprendre ces pratiques anciennes, des projets expérimentaux ont vu le jour. Le programme First Long-Distance Open-Sea Watercrafts (FLOW), lancé par des chercheurs de l’Université Ateneo de Manille, cherchera à tester et recréer des modèles d’embarcations basés sur les techniques et matériaux retrouvés lors des fouilles. Ces tests viseront à vérifier la faisabilité de ces anciennes technologies maritimes et à démontrer que ces peuples étaient capables de construire des navires suffisamment solides pour de longs voyages de grande ampleur.

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