Le télescope spatial Nancy Grace Roman, le futur successeur d’Hubble, vient de franchir une étape importante avant son lancement prévu en 2027. La NASA vient en effet de soumettre une pièce essentielle de cet observatoire de nouvelle génération à un test de rotation rigoureux qui visait à simuler les forces extrêmes auxquelles il sera confronté lors de son voyage dans l’espace. Ce test, couramment utilisé en ingénierie aérospatiale, est crucial pour s’assurer que le télescope pourra supporter les conditions de lancement et opérer efficacement dans l’espace.
Une mission ambitieuse
Le télescope Roman, du nom de Nancy Grace Roman, une pionnière de l’astronomie à la NASA et surnommée la mère du télescope Hubble, marque un tournant décisif dans l’exploration de l’Univers. Grâce à un champ de vision cent fois plus large que celui de Hubble, ce nouvel observatoire spatial permettra de balayer des étendues beaucoup plus vastes du cosmos.
Ce télescope est notamment conçu pour répondre à des questions scientifiques complexes, en particulier sur des phénomènes encore mystérieux comme l’énergie noire, visiblement responsable de l’accélération de l’expansion de l’Univers. Bien qu’elle représente environ 70 % de sa masse-énergie totale, elle reste largement incomprise. Roman pourrait donc apporter des indices cruciaux pour mieux la cerner.
En outre, ce nouvel outil sera également capable d’étudier les exoplanètes avec une précision inégalée. Là où Hubble pouvait observer ces mondes lointains de manière limitée, Roman offrira des observations plus détaillées et plus fréquentes, ce qui nous permettra d’approfondir notre compréhension des atmosphères, de la composition et même du climat de ces planètes.
Un des atouts majeurs du télescope Roman est son coronographe, un instrument qui bloque la lumière éblouissante des étoiles afin de permettre une observation directe des planètes en orbite autour d’elles. Cela pourrait également aider à mieux comprendre comment ces systèmes planétaires se forment et évoluent, en observant de près les processus dynamiques autour des jeunes étoiles.
Enfin, Roman sera chargé d’un recensement statistique des systèmes planétaires au sein de la Voie lactée. Ce vaste projet pourrait révéler des centaines, voire des milliers d’objets célestes encore inconnus, y compris de nouvelles planètes, des étoiles et peut-être même des types de corps célestes que nous n’avons jamais observés.
Le défi du test de rotation
Avant que le télescope ne parte explorer les mystères de l’Univers, il doit d’abord passer une série de tests extrêmement exigeants. Récemment, la NASA a effectué ce que l’on appelle un test de rotation où une partie essentielle de l’appareil, son tube extérieur, a été placée dans une centrifugeuse géante pour simuler les forces de gravité extrêmes qui se produiront lors du lancement. Ces forces peuvent atteindre jusqu’à sept fois la gravité terrestre (mesurée en G), ce qui peut déformer ou endommager les composants s’ils ne sont pas assez robustes.
Ce fameux tube extérieur jouera un rôle essentiel. Il protègera en effet l’instrumentation délicate du télescope et maintenant une température constante autour de ces derniers, évitant ainsi les déformations des matériaux qui pourraient affecter la qualité des observations. Cette coque est fabriquée à partir d’un matériau composite ultraléger, mais résistant (un mélange de fibres de carbone et de plastique renforcé), conçu pour rester stable même sous des contraintes thermiques et mécaniques importantes ressenties lors du lancement.

Quelles sont les prochaines étapes ?
Après avoir réussi le test de rotation, le télescope Nancy Roman franchit une nouvelle étape vers son lancement. Les prochaines phases incluent des tests de vide thermique, destinés à vérifier que les composants peuvent résister aux températures extrêmes de l’espace. Le télescope sera exposé à des conditions similaires à celles rencontrées en orbite où les variations de température sont drastiques. Ce test garantira que les instruments restent fonctionnels malgré ces fluctuations.
Ensuite, le télescope subira des tests de vibrations pour simuler les secousses violentes du lancement. Ces essais recréent les conditions que le télescope rencontrera lorsqu’il sera propulsé en orbite, afin de vérifier que sa structure et ses instruments peuvent y résister sans subir de dommages.
Après ces étapes, l’équipe de la NASA procédera à l’assemblage final du télescope. Cela inclura l’ajout des panneaux solaires qui lui fourniront l’énergie nécessaire et l’installation des instruments d’observation comme le coronographe qui jouera un rôle clé dans l’étude des exoplanètes. Cet assemblage devrait être achevé d’ici à fin 2024. Le lancement est quant à lui prévu pour 2027, ce qui marquera le début d’une mission qui pourrait révolutionner notre compréhension de l’Univers.