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Le réchauffement climatique menace d’étendre les zones du monde trop chaudes pour l’être humain

Le réchauffement climatique menace d’étendre les zones du monde trop chaudes pour l’être humain

  • mardi 4 février 2025
  • 28

Le changement climatique entraîne une augmentation du nombre de vagues de chaleur mortelles à travers le monde et expose au passage un nombre croissant de personnes à des conditions qui testent les limites de la résistance humaine. Si (ou quand) la planète atteint un réchauffement de deux degrés Celsius, les zones habitables pour les êtres humains seront ainsi considérablement réduites. Une étude publiée le 4 février montre qu’une superficie supplémentaire équivalente à celle des États-Unis pourrait devenir trop chaude pour être habitable à certaines périodes. Et d’après eux, cela touchera même les jeunes adultes de plein fouet.


Vers un monde de plus en plus invivable sous l’effet du réchauffement climatique

Un groupe international de scientifiques dirigé par le King’s College London a mis en évidence comment la poursuite du réchauffement climatique rendra certaines parties de la planète inhabitables pour le corps humain au cours des prochaines décennies. L’année dernière a d’ores et déjà été la première où la température moyenne mondiale a dépassé de plus de 1,5 °C la moyenne préindustrielle et au rythme actuel du réchauffement, le seuil de 2 °C pourrait être atteint d’ici le milieu ou la fin du siècle. Or, selon le Dr Tom Matthews, auteur principal de l’étude et maître de conférences en géographie environnementale au King’s College London, ces « résultats montrent les conséquences potentiellement mortelles si le réchauffement climatique atteint 2 °C ».

Pour leur évaluation, les chercheurs ont croisé plusieurs études scientifiques afin d’établir un lien entre les sciences du climat et le risque de mortalité lié à la chaleur en identifiant notamment les seuils dits incompensables et insurvivables. Les scientifiques font une distinction entre ces deux notions : un seuil incompensable est celui au-delà duquel la température corporelle centrale augmente de manière incontrôlable tandis qu’un seuil insurvivable correspond au point où la température corporelle atteint 42 °C en moins de six heures, ce qui entraîne un risque de décès.

Le Dr Matthews explique : « Nos conclusions montrent que les seuils de chaleur insurvivables, qui jusqu’à présent n’ont été brièvement dépassés que pour les adultes âgés dans les régions les plus chaudes de la planète, risquent désormais d’apparaître même pour les jeunes adultes. Dans ces conditions, une exposition prolongée à l’extérieur, même à l’ombre, avec une brise forte et une bonne hydratation, provoquerait un coup de chaleur mortel. C’est un véritable tournant dans le risque de mortalité lié à la chaleur. »


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Crédits : Dzmitry Dzemidovich/iStock

Une planète qui devient trop chaude pour l’être humain

Entre 1994 et 2023, les seuils thermiques humains (une combinaison de température et d’humidité au-delà de laquelle le corps humain ne peut plus survivre) ont été franchis sur environ 2 % des terres émergées pour les adultes de moins de 60 ans. Pour les personnes âgées, plus vulnérables au stress thermique, ce seuil a été dépassé sur plus de 20 % de la surface terrestre.

Toutefois, cette étude, publiée dans la revue Nature Reviews Earth and Environment, révèle que la superficie terrestre où même les jeunes adultes en bonne santé (18-60 ans) ne pourront plus maintenir une température corporelle sûre triplera pour atteindre environ 6 % de la surface terrestre en cas de réchauffement de 2 °C par rapport à l’ère préindustrielle. Les chercheurs préviennent également que la zone où les personnes âgées de plus de 60 ans seront en danger atteindra environ 35 %.

Jusqu’à présent, les seuils incompensables ont été franchis pour tous les groupes d’âge, mais les seuils insurvivables n’ont concerné que les personnes âgées et de manière temporaire. Toutefois, avec un réchauffement de 4 à 5 °C par rapport à l’ère préindustrielle, les personnes âgées pourraient être exposées à des températures incompensables sur environ 60 % de la surface terrestre lors d’événements climatiques extrêmes. À ce niveau de réchauffement, la chaleur insurvivable commencerait ainsi également à menacer les jeunes adultes dans les régions subtropicales les plus chaudes.


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Crédits : Mesh cube/iStock

Certaines régions, plus menacées par la chaleur extrême

Certaines zones du monde sont particulièrement exposées au risque de franchir ces seuils critiques, notamment l’Afrique saharienne et l’Asie du Sud où les populations sont en première ligne face à cette menace croissante. Le Dr Matthews insiste donc sur l’importance d’anticiper l’ampleur des futures vagues de chaleur extrême et leurs pires conséquences afin de mieux comprendre le coût de l’inaction face au changement climatique. Il souligne également la nécessité de concentrer les efforts d’adaptation sur les communautés les plus vulnérables.

« Ce que notre étude montre très clairement, c’est qu’avec un réchauffement de 4 °C par rapport à l’ère préindustrielle, les impacts sanitaires des températures extrêmes pourraient être catastrophiques », explique-t-il. « À ce niveau de réchauffement, environ 40 % des terres émergées connaîtraient une chaleur incompensable pour les adultes, seules les latitudes élevées et les régions les plus fraîches des latitudes moyennes restant épargnées. »

Il ajoute que des travaux interdisciplinaires seront plus essentiels que jamais pour mieux comprendre le potentiel meurtrier de ces chaleurs extrêmes et les moyens de limiter leurs effets. « À mesure que de plus en plus de régions de la planète connaîtront des conditions extérieures trop chaudes pour notre physiologie, il sera crucial que les populations aient accès à des environnements plus frais pour se protéger de la chaleur. »


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Crédits : ArtMood Visualz / iStock

Une mortalité déjà alarmante liée aux vagues de chaleur

Depuis l’an 2000, plus de 260 000 décès ont été attribués aux vagues de chaleur les plus meurtrières, ce qui prouve que les températures extrêmes constituent déjà une menace majeure pour la vie humaine. Les trois canicules les plus meurtrières du XXIe siècle ont causé près de 200 000 morts, dont environ 72 000 en Europe en 2003, 62 000 en 2022 et 56 000 en Russie lors de la vague de chaleur de 2010.

Par ailleurs, l’Europe est actuellement la région qui a enregistré le plus grand nombre de décès liés aux vagues de chaleur avec plus de 72 000 morts en 2003, 60 000 en 2022 et plus de 47 000 en 2023. L’Asie subit également les conséquences dramatiques de la hausse des températures avec plusieurs milliers de décès signalés en Inde et au Pakistan en 2015. Les chercheurs soulignent par ailleurs que la mortalité liée à la chaleur en Afrique est largement sous-estimée en raison du manque de données bien que des épisodes de chaleur extrême aient été observés au Nigeria en 2024. Cela laisse ainsi présager d’innombrables morts à l’avenir.

L’Organisation mondiale de la santé estime enfin que la chaleur tue au moins 500 000 personnes chaque année, mais prévient que le chiffre réel pourrait être jusqu’à trente fois plus élevé si l’on continue sur cette trajectoire. Sans mesures fortes, nous en prenons assurément le chemin…

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