Aux États-Unis, une organisation est à l’origine d’un programme spécial associant la réalité virtuelle et les détenus placés en isolement. L’objectif ? Réduire les effets négatifs de l’isolement carcéral. Si ces tests ont pour l’instant débouché sur des résultats à première vue intéressants, l’initiative ne semble pas plaire à tout le monde.
Pourquoi un tel programme ?
Pour rappel, l’isolement carcéral est une mesure de sécurité de confinement solitaire. Il peut s’agir d’une demande du prisonnier lui-même pour sa propre sécurité ou d’une mesure disciplinaire visant à maintenir l’ordre au sein de l’établissement. Depuis fin 2022 aux États-Unis, certains détenus reçoivent des casques de réalité virtuelle (VR) dans le cadre d’un programme inédit, comme le révélait une publication du Département des services correctionnels et de réhabilitation de Californie.
Pour l’organisation Creative Acts à l’origine du programme, les casques VR permettent aux prisonniers en isolement d’échapper quelques instants à leurs conditions de détention. Plus largement, le projet vise à faciliter la réinsertion des détenus mais également, leur éviter les traumatismes de l’isolement carcéral.
Rappelons au passage que les États-Unis abritent environ deux millions de prisonniers, soit 20% de la population carcérale mondiale. Or, près de 120 000 de ces détenus sont à l’isolement durant 22 heures par jour. Creative Acts tente donc d’utiliser la VR pour contrer les effets possibles de l’isolement, à savoir des dommages psychologiques non négligeables pouvant s’installer sur de longues durées.

Une importante baisse des infractions
Le 8 mars 2025, le quotidien britannique The Guardian a publié un reportage sur le programme de Creative Acts, relatant le suivi des détenus et des animateurs par les journalistes durant une semaine. Les prisonniers ont testé la VR quatre heures par jour, dont le contenu était composé de simulations relatives à des expériences de la vie quotidienne. D’autres contenus concernaient des divertissements, par exemple une visite touristique de la ville de Paris. Après les séances, les animateurs organisaient des ateliers de poésie, de théâtre et de peinture.
L’organisation Creative Acts a également publié un rapport d’impact sur l’année 2024 (PDF en anglais / 19 pages) dans la prison d’état de Corcoran. Selon les résultats, les infractions des détenus en isolement sont passés de 735 à seulement une. Néanmoins, l’organisation n’a pas fourni de calendrier permettant de comparer ces chiffres, si bien que ces derniers sont finalement assez difficiles à interpréter. Cependant, les responsables soulignent que certains prisonniers ont identifié des éléments déclencheurs de leurs traumatismes grâce à la VR.
Enfin, il faut savoir que le programme ne fait pas l’unanimité. En effet, certains membres du système carcéral n’ont pas caché leur scepticisme. Pour ces représentants, la VR serait dans le meilleur des cas à peine capable d’atténuer certains effets néfastes de l’isolement. Ces mêmes personnes ont souligné que la principale urgence était de réduire le nombre de détenus dans les prisons.