La Chine et les États-Unis ont identifié plusieurs sites d’atterrissage potentiels qui se chevauchent au niveau du pôle sud de la Lune. Ces plans, partiellement croisés, mettent en exergue le nouvel intérêt pour les ressources lunaires et posent des questions sur la manière dont les pays concurrents coordonneront leurs plans d’exploration respectifs.
Une région lunaire prisée
Les Américains prévoient de se poser à nouveau sur la Lune dans le cadre de la mission Artemis III. À cette fin, la NASA a récemment dévoilé treize régions d’atterrissage potentielles, toutes regroupées près du pôle sud de la Lune. Tous ces sites, chacun d’environ quinze kilomètres carrés, se situent à moins de six degrés de latitude du pôle sud.
Côté Chine, un article sur les sites d’atterrissage potentiels du pays, rédigé entre autres par le commandant de la mission lunaire Chang’e-4 Zhang He, identifie également dix sites candidats près du pôle sud lunaire. Or, deux de ces sites, situés près des cratères Shackleton, Haworth et Nobile, sont également envisagés par la NASA.
Ces différents sites sont probablement liés à la mission Chang’e-7 du pays, actuellement prévue pour 2024. Cette mission non habitée se composera d’un orbiteur, d’un satellite relais, d’un atterrisseur, d’un rover et d’un mini détecteur chargé de rechercher la présence d’eau in situ.
Ce chevauchement des sites candidats peut facilement s’expliquer. La NASA et la Chine prévoient en effet toutes deux de s’établir durablement sur la Lune. Qu’ils soient Chinois ou Américains, les chercheurs prennent donc en compte plusieurs contraintes, comme le niveau d’éclairage par le Soleil ou encore la facilité avec laquelle une équipe d’astronautes pourra communiquer avec la Terre.
En outre, le pôle sud lunaire est également connu pour abriter beaucoup de glace d’eau, en particulier dans les cratères ombragés en permanence. L’extraction et le travail de cette eau pourraient à terme permettre de faire pousser des plantes sur place, mais aussi aussi de produire de l’eau potable, de l’oxygène ou même du carburant de fusée.
Un premier point de conflit ?
On ignore encore comment ces deux pays coordonneront leurs plans respectifs, d’autant que les relations entre les deux pays ne sont pas vraiment au beau fixe, en particulier dans le domaine spatial. Pour Christopher Newman, professeur de droit et de politique spatiales à l’Université de Northumbria, au Royaume-Uni, cet intérêt pour les mêmes sites d’atterrissage pourrait d’ailleurs être le premier point de conflit potentiel sur les ressources lunaires.
« Les deux parties sont signataires du Traité sur l’espace extra-atmosphérique et acceptent donc théoriquement l’utilisation de corps célestes à des fins pacifiques« , a-t-il rappelé. « Cependant, il sera intéressant de voir ce qui se passera. Cela dépendra beaucoup de qui y arrivera en premier. Cela pourrait ajouter un élément de concurrence indésirable qui menace la sécurité à la fois dans l’espace et sur Terre« .
Notez que les plans d’atterrissage des deux parties seront probablement révisés à mesure que les missions respectives se rapprocheront. En effet, aucun des sites proposés par la Chine ou les États-Unis n’est accessible en permanence. Aussi, la date de lancement des missions concernées déterminera où les astronautes et autres atterrisseurs pourront se poser (non l’inverse).