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La méthode Hichilema, ce vent d’air frais qui souffle sur le secteur minier zambien

La méthode Hichilema, ce vent d’air frais qui souffle sur le secteur minier zambien

  • samedi 10 septembre 2022
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(Agence Ecofin) - Le 24 août dernier, Hakainde Hichilema a célébré le premier anniversaire de son arrivée à Nkwazi House, résidence officielle du président zambien. Entre annonces de nouveaux investissements après plusieurs années de blocage et regain d’intérêt des compagnies minières, les succès à mettre au crédit de l’actuel chef de l’État dans le secteur minier sont indéniables. L’Agence Ecofin vous propose de faire un premier bilan d’étape, avant de se projeter sur les chantiers qui attendent le gouvernement pour les quatre prochaines années.


Élu à la tête d’un pays en difficulté sur tous les plans, le président Hichilema a annoncé dès son discours d’investiture ses priorités pour relever l’économie. Dans le secteur minier en particulier, il affiche sa détermination à augmenter la production du cuivre afin de ramener la Zambie au sein des « principaux pays miniers d’Afrique ». 


Renouer des liens de confiance


Pour atteindre son objectif, Hakainde Hichilema appelle notamment la Chambre des Mines à la collaboration. Une invitation qui n’est pas anodine, car les relations entre cette institution représentant les investisseurs miniers et son prédécesseur Edgar Lungu étaient assez tendues.


Lire aussi : 11/06/2021 - Zambie : tordre le bras des investisseurs miniers, le pari risqué d’Edgar Lungu


Dans la foulée, une campagne de lobbying est lancée auprès des compagnies minières et elle atteint son apogée en mai dernier au Mining Indaba, la plus grande conférence minière en Afrique. Au cours de l’évènement qui se tient au Cap en Afrique du Sud, le président Hichilema a partagé sa vision d’« une nouvelle aube pour le secteur minier zambien ». Il s’agit de construire une chaine de valeur générant plus de valeur au niveau local, à travers des unités de transformations des ressources sur place en Zambie, et de diversifier le secteur minier en exploitant les autres ressources comme le fer, le manganèse, le cobalt en plus du cuivre.


« Nous apprécions le rôle important que joue le secteur privé dans le développement de l’industrie minière. En conséquence, notre politique gouvernementale favorisera une industrie minière axée sur le secteur privé, compétitive, prospère et durable », avait alors déclaré le chef d’Etat zambien. Il a également promis que la stabilité, la cohérence et la prévisibilité de l’environnement politique et réglementaire seront assurées.


Premiers résultats


Coïncidence voulue ou hasard du calendrier, First Quantum Minerals, active en Zambie, annonce le 8 mai 2022, un investissement de 1,35 milliard $ dans le pays. Dans le détail, la compagnie minière canadienne consacrera 1,25 milliard $ à la construction d’une nouvelle usine de traitement afin d’augmenter la production à sa mine de cuivre Kansanshi. Elle vise à partir de 2025 et jusqu’en 2044, une production annuelle de 250 000 tonnes de cuivre. 


2 dair frais qui souffle sur le secteur minier zambien


« Notre politique gouvernementale favorisera une industrie minière axée sur le secteur privé, compétitive, prospère et durable » 


Il faut souligner que cette décision finale d’investissement positive, prise par le Conseil d’administration de First Quantum, n’était pas gagnée, tant la crise de confiance avec le régime précédent était profonde. En dehors de la révision annoncée du régime fiscal minier controversé en vigueur depuis 2019, le nouveau gouvernement a en effet dû réintroduire la déductibilité des redevances minières dans le calcul de l’impôt sur les sociétés, supprimée sous le précédent régime.


Combinées à l’opération de charme menée par son ministre des Mines qui a promis de mettre en place les conditions pour que l’investisseur minier « soit heureux », ces quelques mesures ont donc permis d’apaiser les craintes des compagnies minières. Autre illustration de ce revirement, le géant Barrick l’un des plus ardents critiques de l’ancien régime, a lancé le mois dernier un accélérateur pour les entrepreneurs des communautés proches de sa mine de cuivre Lumwana. Cela traduit une certaine volonté de poursuivre ses activités dans le pays, d’autant plus que son PDG indiquait en mai dernier, en marge du Mining Indaba, être à la recherche de nouvelles opportunités d’investissement dans la ceinture de cuivre entre la Zambie et la RDC. En 2019, la compagnie remettait pourtant en question la viabilité de son activité dans le pays et des rumeurs de vente de Lumwana à des acheteurs chinois sont apparues. 


Lire aussi : 11/06/2022 - Le revirement des compagnies minières occidentales en faveur de la RDC et de la Zambie


Des ambitions à concrétiser


S’il a pu ramener les investisseurs à de meilleurs sentiments, la tâche qui attend le chef du gouvernement n’en demeure pas moins importante. Deux dossiers particulièrement brûlants sont sur la table de l’exécutif, en l’occurrence Mopani Copper Mines et Konkola Copper Mines. Ces deux grands producteurs zambiens de cuivre sont en effet les entreprises où l’action de l’ancien régime a laissé le plus de traces. Mopani a été nationalisée, passant à 100 % sous le contrôle de la ZCCM-IH, bras armé de l’Etat zambien dans le secteur minier. Si un dollar symbolique a suffi pour acquérir l’ancienne filiale de Glencore, le géant suisse a néanmoins transféré à l’Etat une dette de 1,5 milliard $ que les caisses d’un Etat secoué par une longue crise économique, ne peuvent certainement pas rembourser.


En juin, la ZCCM-IH a engagé la prestigieuse banque Rothschild & Co comme conseiller financier dans le cadre d’une « revue stratégique » permettant ensuite de trouver un partenaire capable d’apporter les fonds nécessaires à la relance de Mopani. Selon le PDG de Mopani Copper Mines, un investissement de 300 millions $ est nécessaire pour atteindre une capacité de production annuelle de 225 000 tonnes de cuivre d’ici cinq ans.


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Le gouvernement est prêt à discuter avec Anil Agarwal.


Du côté de Konkola Copper Mines, filiale de Vedanta Resources dont les actifs ont été saisis par le précédent régime, le gouvernement Hichilema a affirmé à plusieurs reprises son intention de ne pas opérer de restitution. Cependant, le ministre des Mines a ordonné en juillet à la ZCCM-IH d’ouvrir des négociations avec la société du milliardaire indien Anil Agarwal. « Nous devons nous asseoir autour d’une table et commencer à discuter. Nous ne pouvons pas résoudre ces questions au tribunal », a déclaré le collaborateur du chef de l’Etat, en référence sans doute à l’audience d’arbitrage prévue entre les deux parties à Londres en janvier 2023.


Notons que depuis l’élection du président Hichilema, Vedanta n’a eu de cesse d’afficher sa volonté de trouver un terrain d’entente, promettant au moins un milliard de dollars d’investissements dans ses opérations, si elle en reprend le contrôle. Cette convergence de vues pourra peut-être favoriser une résolution à l’amiable, et dans les plus brefs délais, du différend qui dure depuis 2019.


Dans son projet ambitieux d’atteindre une production annuelle de 3 millions de tonnes de cuivre d’ici la fin de la prochaine décennie, soit plus du triple de la production de cuivre l’année dernière (800 696 tonnes), la remise sur les rails de ces deux projets sera essentielle.


Emiliano Tossou


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