L’observation du Soleil, avec ses mystérieuses éruptions et ses flux de particules chargées, joue un rôle clé dans la météorologie spatiale. Ces phénomènes solaires peuvent perturber nos technologies terrestres et même avoir un impact sur les astronautes en mission. Pour mieux comprendre ces événements et anticiper leurs effets, la NASA lance un projet révolutionnaire : JEDI. Ce programme, qui fait partie de la mission Vigil de l’Agence spatiale européenne (ESA), promet de transformer notre capacité à observer le Soleil. Il pourrait ainsi offrir une nouvelle perspective cruciale pour la météorologie spatiale.
Pourquoi observer le Soleil est-il essentiel ?
Le Soleil est loin d’être une étoile tranquille. Son activité peut engendrer des phénomènes majeurs, tels que des éruptions solaires et des éjections de masse coronale (CME) qui, bien que fascinantes, ont des conséquences potentiellement dévastatrices pour la Terre. Ces tempêtes solaires peuvent en effet perturber les satellites, brouiller les communications, affecter les réseaux électriques et même mettre en danger les astronautes en orbite. Anticiper ces événements devient donc primordial pour éviter des catastrophes technologiques. Le vent solaire, un flux de particules chargé de l’atmosphère du Soleil, est particulièrement complexe et difficile à prévoir avec les technologies actuelles. C’est ici que JEDI entre en scène.
JEDI : un instrument à la pointe de la technologie
JEDI est un imageur EUV multithermique avancé qui va permettre aux scientifiques de scruter le Soleil d’une manière jamais vue auparavant. Il est équipé de deux télescopes : le Space Weather Operational Coronal Imager (SWOC) et l’Enhanced Wide-angle Observations of the Corona (EWOC). Ces instruments travailleront en tandem pour capturer des images à haute résolution de l’atmosphère et du vent solaires. Le but est de remplir les lacunes laissées par d’autres instruments de météorologie spatiale, comme le LASCO (Large Angle and Spectrometric Coronagraph Experiment) à bord du satellite SOHO.
Contrairement aux télescopes traditionnels, JEDI permettra de scruter des parties du Soleil encore inaccessibles, notamment celles qui ne sont pas visibles avec les coronographes actuels. Ce nouvel instrument pourra par exemple imager la couronne moyenne du Soleil, la zone clé du vent solaire, permettant ainsi de mieux comprendre comment il se forme et se propage. Cette vue à haute fréquence, avec des images toutes les 10 minutes, ouvrira une nouvelle ère de compréhension pour la météorologie spatiale.
Une position stratégique : le point de Lagrange 5 (L5)
L’une des caractéristiques les plus intéressantes de JEDI est sa position unique dans l’espace. Contrairement à d’autres observatoires solaires, ce dernier sera situé au point de Lagrange 5 (L5), à environ 30 millions de kilomètres de la Terre, à l’opposé du Soleil. Pour rappel, ces points sont des zones où les forces gravitationnelles entre la Terre et le Soleil s’équilibrent, permettant à un satellite de rester en place sans avoir à dépenser d’énergie pour compenser son mouvement.
Ce placement stratégique permettra à l’observatoire d’avoir une vue latérale sur les événements se déroulant sur notre étoile, ce qui est un avantage considérable pour l’étude des tempêtes solaires. En effet, depuis la Terre, les éruptions solaires sont difficiles à analyser de manière précise, car elles sont souvent masquées par les éjections de masse coronale en halo. À partir de L5, JEDI pourra observer les tempêtes solaires avec une vue directe, offrant une perspective plus claire des éruptions qui frappent la Terre.

Un impact majeur sur la météorologie spatiale
Le lancement de JEDI pourrait marquer un tournant dans la façon dont nous observons et prédisons les phénomènes solaires. En scrutant le Soleil 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, JEDI offrira aux scientifiques des données en temps réel sur le vent et les tempêtes solaires. Cela permettra de mieux comprendre l’impact des CME et d’améliorer les prévisions des tempêtes géomagnétiques qui affectent la Terre.
Une meilleure anticipation de ces événements donnera aux autorités un avertissement plus précoce, permettant de protéger les infrastructures, d’éviter des dommages aux satellites et d’assurer la sécurité des astronautes en mission. De plus, les aurores boréales, ces phénomènes lumineux fascinants, pourraient être mieux prédites grâce aux nouvelles informations fournies par JEDI. En effet, les tempêtes solaires qui frappent la Terre provoquent des aurores à des latitudes plus basses que d’habitude, et un meilleur suivi permettra de planifier l’observation de ces spectacles naturels.