Le traitement du cancer connaît une avancée majeure avec l’arrivée du dostarlimab, un médicament d’immunothérapie qui suscite un immense espoir. Récent, ce traitement a obtenu un taux de réponse clinique de 100 % dans des essais sur des patients atteints de cancer rectal localement avancé avec déficit de réparation des mésappariements (dMMR) ou instabilité microsatellite élevée (MSI-H). Cette découverte pourrait transformer la vie des patients en offrant une alternative non invasive aux traitements traditionnels lourds.
Un cancer aux défis spécifiques : le cancer rectal dMMR/MSI-H
Le cancer colorectal, dont fait partie le cancer du rectum, reste l’un des plus fréquents dans le monde. En France, on recensait pas moins de 48 000 nouveaux cas en 2023, dont 26 000 chez les hommes et 21 000 chez les femmes. Parmi ces cas, environ 15 % présentent une instabilité microsatellite élevée (MSI-H) ou un déficit de réparation des mésappariements (dMMR).
Ces termes complexes désignent des dysfonctionnements du système de réparation de l’ADN dans les cellules. Lorsqu’une cellule se divise, elle copie son ADN, mais des erreurs peuvent survenir. Normalement, le corps dispose de mécanismes pour corriger ces erreurs. Cependant, chez les patients dMMR/MSI-H, ces mécanismes ne fonctionnent pas correctement, ce qui favorise la prolifération des cellules cancéreuses.
Ces cancers présentent des défis particuliers. Les traitements standards (chimiothérapie, radiothérapie ou chirurgie) sont alors souvent inefficaces ou associés à des effets secondaires débilitants. C’est dans ce contexte que le dostarlimab, commercialisé sous le nom de Jemperli, a émergé comme une option révolutionnaire.

Le dostarlimab : un traitement révolutionnaire
Le dostarlimab appartient à une classe de médicaments appelée inhibiteurs de PD-1, qui agissent en renforçant le système immunitaire. En temps normal, certaines cellules cancéreuses « désactivent » les réponses immunitaires pour échapper à la destruction. Le dostarlimab empêche cette désactivation en bloquant une protéine spécifique (PD-1), ce qui permet ainsi aux cellules immunitaires de reconnaître et d’attaquer les cellules tumorales.
Ce médicament s’est illustré lors d’un essai clinique de phase II soutenu par la société pharmaceutique GSK. L’étude portait sur 42 patients atteints de cancer rectal dMMR/MSI-H. Les résultats ont été tout simplement extraordinaires : chaque patient a montré une réponse clinique complète. En d’autres termes, il ne persistait aucune trace détectable de la tumeur après traitement.
Contrairement aux traitements conventionnels, le dostarlimab ne nécessite ni chimiothérapie, ni radiothérapie, ni chirurgie. Cela réduit considérablement les effets secondaires souvent invalidants associés à ces approches, comme les douleurs chroniques ou les troubles digestifs. Les patients ayant reçu le dostarlimab n’ont signalé que des effets secondaires légers, tels que de la fatigue ou des éruptions cutanées.
Un avenir prometteur pour l’oncologie et la qualité de vie des patients
Les implications de cette découverte vont bien au-delà du cancer rectal. Le statut dMMR/MSI-H est également présent dans d’autres types de cancers, notamment ceux de l’endomètre, de l’estomac et dans certaines tumeurs solides rares. Le dostarlimab pourrait donc s’étendre à ces indications, offrant une option thérapeutique à des milliers de patients supplémentaires.
De plus, cette percée illustre le potentiel révolutionnaire de l’immunothérapie en oncologie. Contrairement aux traitements standards, l’immunothérapie cible les mécanismes biologiques spécifiques des cellules tumorales, rendant les traitements plus personnalisés et souvent plus efficaces.
Pour les patients, cela représente une amélioration significative de la qualité de vie. En évitant des interventions invasives comme la chirurgie ou des cycles épuisants de chimiothérapie, ils peuvent espérer un rétablissement rapide avec moins de séquelles. Cette avancée donne également aux médecins un outil puissant pour traiter des cancers jusqu’alors difficiles à soigner.
Cependant, des défis subsistent. Le coût des traitements d’immunothérapie, souvent très élevé, pourrait limiter l’accès au dostarlimab pour certains patients. Par ailleurs, bien que les résultats actuels soient prometteurs, des études à long terme seront nécessaires pour confirmer l’efficacité durable de ce médicament et comprendre son impact sur des populations plus larges.