(Agence Ecofin) - MultiChoice se plaint souvent de la concurrence des plateformes de streaming. Jusque-là, le secteur a seulement considéré ces plaintes du point de vue de la différence entre les charges des deux types d’opérateurs. Les fournisseurs de télévisions payante doivent payer des frais de licence, pas les plateformes de streaming. Mais aujourd’hui, une autre menace se profile.
En Afrique du sud, en visiblement dans toute la partie subsaharienne du continent, la 19e saison de la série à succès « Grey’s Anatomy » sera accessible le 26 octobre sur Disney+. La nouvelle, annoncée il y a quelques heures, témoigne de l’échec de la chaîne sud-africaine M-Net qui diffusait la précédente saison. En plus, après « This is Us » une autre série très connue, c’est le deuxième programme de cette envergure que M-Net perd au profit de Disney+ ces derniers mois.
La situation donne un point de vue totalement nouveau sur la concurrence qui fait rage entre plateformes de streaming et opérateurs de télévision payante.
Il y a quelques années, MultiChoice se plaignait déjà de la concurrence déséquilibrée de Netflix qui n’avait pas besoin de payer des frais de licences alors qu’il générait plus de revenus que le groupe sud-africain. Avec la présence de Disney+, depuis le mois de mai, un autre aspect de la concurrence est beaucoup plus visible. En s’installant en Afrique, les groupes tels que Netflix, Disney+ et Amazon Prime peuvent priver les opérateurs africains de télévision payante de contenus de grande audience.
Il y avait déjà un risque avec la capacité de Netflix à négocier plus facilement avec les maisons de production et les détenteurs de droits. Dans le cas d’espèce, Disney possède Buena Vista Television, l’entité responsable du management de la chaîne ABC qui produit Grey’s Anatomy et peut donc priver la concurrence de la série. La situation pourrait se répéter avec de nombreux shows à succès dont le groupe détient les droits et que Disney peut choisir de rendre accessible uniquement sur sa plateforme de streaming Disney+.
Netflix ou Amazon Prime peuvent faire face à ce type d’avantage concurrentiel, mais la situation risque d’être plus compliquée pour les chaînes africaines et les opérateurs de télévision payante qui ne peuvent pas tous, comme MultiChoice, produire leurs propres programmes.
Servan Ahougnon
