(Agence Ecofin) - Il y a quelques jours, la Cour constitutionnelle kényane a confirmé l’illégalité du projet de révision de la constitution initié par le président. Le sujet avait notamment généré de nombreux débats sur les réseaux sociaux, où il a été âprement défendu par certains internautes.
Depuis quelques jours, Twitter traque et a déjà supprimé plus d’une centaine de comptes kényans. Le réseau social reproche à ces abonnés d’avoir participé à une campagne d’influence coordonnée pour défendre le projet de réforme constitutionnelle lancé par le président Uhuru Kenyatta et rejeté par la Cour constitutionnelle.
Ayant échoué sur le plan légal, le projet a tenté de s’imposer à nouveau dans le débat public en utilisant les réseaux sociaux où certains comptes qui le défendaient n’hésitaient pas à utiliser de la désinformation. Cet aspect de la campagne a notamment fait l’objet d’une étude d'Odanga Madung et de Brian Obilo de la fondation Mozilla.
D’après leur rapport nommé « Inside the shadowy world of disinformation for hire in Kenya », 11 campagnes de désinformation différentes, affichant plus de 23 000 tweets et impliquant 3 700 comptes, sont liées à l’initiative présidentielle de révision de la constitution.
« L'objectif principal de cette industrie est d'influencer l'opinion publique lors des élections et des manifestations, en particulier en ce qui concerne le processus de révision constitutionnelle au Kenya », explique Odanga Madung.
Des vagues d'attaques ont ciblé les juges de la Cour constitutionnelle pour les accuser de corruption. Les détracteurs de la révision constitutionnelle ont également été présentés comme étant financés par le vice-président William Ruto, un opposant majeur au projet.
D’après des influenceurs interrogés par les chercheurs de la Fondation Mozilla, les promoteurs de cette campagne paient entre 10 et 15 dollars par jour pour tweeter sur les mots-clés de la campagne d’influence. « Chaque exécution de campagne implique de tweeter sur les hashtags du jour jusqu'à ce qu'ils apparaissent dans la section des tendances de Twitter. De plus, certaines personnes ont réussi à atteindre le niveau supérieur et sont payées environ 250 $ par mois. Leur travail consiste à s'assurer que les campagnes sont exécutées sur une base journalière avec différents hashtags », complète Brian Obilo.
Pour les chercheurs de la Mozilla Foundation, ces campagnes sont dangereuses pour la population et les journalistes qui pourraient en devenir les relais alors que « Twitter ne fait pas assez pour les combattre ».
Twitter, également accusé d’avoir encaissé des frais pour des posts sponsorisés durant cette campagne, a réagi. « Nous n’avons pas pu confirmer que les tweets étaient rémunérés, mais nous avons pu identifier un réseau de comptes qui agissaient de manière coordonnée ».
Notons que depuis quelques mois, Facebook publie un rapport mensuel sur la détection et la lutte contre des campagnes d’influences similaires dans le monde.
Servan Ahougnon
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