(Agence Ecofin) - La Banque centrale du Kenya a demandé aux banques commerciales du pays de la consulter avant toute distribution de dividendes pour le compte de l’exercice 2020. Cette décision survient alors que les provisions pour risques sur le crédit sont en hausse dans le secteur bancaire.
La Banque centrale du Kenya (CBK) a instruit les banques commerciales qu'elles devront obtenir son approbation avant de déclarer et de distribuer des dividendes pour l'exercice 2020. L'objectif de cette initiative est de s'assurer que les banques disposent de fonds propres suffisants pour leur permettre de faire face aux conséquences de la covid-19.
La procédure requiert désormais que les banques fassent une évaluation de la capacité de leurs fonds propres à couvrir de manière adéquate leurs actifs pondérés par des risques. Avec la nouvelle norme internationale de comptabilité appliquée aux banques (IFRS 9), celles-ci doivent tenir non seulement compte des risques effectifs, mais aussi des risques probables en rapport avec l'environnement d'exploitation. C'est sur la base de cette évaluation que la Banque centrale décidera si des dividendes peuvent être distribués ou non.
Le régulateur kényan du secteur financier a souligné que cette directive garantirait aux banques la conservation de leur capital et, à ce titre, leur permettrait de remplir leurs rôles fondamentaux. « A notre avis, la directive des banques centrales est une position de précaution dans le but de garantir que le secteur bancaire soit suffisamment capitalisé ; ce qui leur fournira la couverture nécessaire pour participer aux activités bancaires de base, catalysant ainsi la croissance économique et le développement dans le pays », ont fait savoir des analystes de la firme d'investissement locale Cytonn Investment dans son analyse hebdomadaire.
La semaine écoulée, 6 banques cotées sur le Nairobi Securities Exchange (marché financier local) ont publié leurs résultats du premier semestre 2020. Chez Kenya Commercial Bank et Equity Group, la constitution des provisions pour des risques sur le crédit a augmenté de manière substantielle. Pour les banques dont les résultats ont été analysés, ces provisions s’élèvent à 17,8 milliards de shillings (164,5 millions $). Elles sont en hausse de 165,6% comparativement à la même période en 2019.
Ainsi, pour ces établissements financiers, le résultat net a été fortement impacté par cette hausse des provisions. Pris globalement, le bénéfice net des banques analysées a été de 11,9 milliards de shillings sur le premier semestre. Il est en baisse de 44,39%.
La directive prise par la Banque centrale du Kenya est en conformité avec ce qui a été décidé par plusieurs banques centrales dans le monde. Pour faire face à la covid-19, elles ont estimé qu'il ne serait pas judicieux de rémunérer leurs actionnaires.
Idriss Linge