Le télescope spatial James Webb (JWST), connu pour explorer les confins de l’univers et décrypter les atmosphères des exoplanètes, vient de réaliser une découverte inattendue. Une équipe d’astronomes a en effet repéré des dizaines de minuscules astéroïdes dans la ceinture principale entre Mars et Jupiter, dont le plus petit jamais observé à une telle distance de la Terre. Ces astéroïdes, souvent ignorés ou sous-estimés, pourraient pourtant avoir des conséquences majeures pour la sécurité de notre planète.
Pourquoi ces petits astéroïdes sont-ils importants ?
Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, les astéroïdes les plus dangereux pour la Terre ne sont pas nécessairement les géants capables de provoquer une extinction massive comme celle des dinosaures. Ce sont plutôt de petits objets, mesurant seulement quelques dizaines de mètres, qui représentent une menace plus probable. Ils sont en effet beaucoup plus nombreux et ont une chance accrue d’être éjectés de la ceinture principale pour se diriger vers la Terre.
Exemple marquant : en 2013, l’explosion d’un astéroïde d’environ vingt mètres au-dessus de Tcheliabinsk, en Russie, a causé d’énormes dégâts et fait des milliers de blessés. Pourtant, personne n’avait vu cet objet arriver. Le fait est que ces astéroïdes sont si petits qu’ils échappent souvent aux instruments actuels jusqu’à ce qu’il soit trop tard.
Une prouesse technologique et scientifique
C’est ici que le JWST entre en jeu. Conçu pour des missions bien différentes, comme l’étude des exoplanètes, il a permis de réaliser une avancée majeure grâce à une approche innovante.
Initialement, le télescope James Webb était dédié à l’étude des exoplanètes dans le système TRAPPIST-1, une étoile naine rouge située à 41 années-lumière de la Terre. Les astronomes cherchaient à analyser les atmosphères des planètes rocheuses de ce système en empilant plusieurs images prises dans une même zone du ciel. Cette technique permet de réduire le bruit généré par des objets plus proches, comme des astéroïdes ou des nuages de poussière. Or, ce bruit, considéré comme indésirable pour les recherches sur TRAPPIST-1, contenait en réalité des données précieuses sur des astéroïdes de la ceinture principale qui est située entre les orbites de Mars et Jupiter.
Grâce à cette technique, l’équipe dirigée par Artem Burdanov, du Massachusetts Institute of Technology (MIT), a en effet réussi à repérer 138 nouveaux astéroïdes ayant une taille comprise entre dix à quelques centaines de mètres. L’un d’eux ne mesurait même que dix mètres de large, un record. Ces objets, jusque-là inconnus, proviendraient probablement d’une cascade de collisions entre plusieurs astéroïdes qui génèrent de multiples fragments.
Des implications majeures pour la défense planétaire
Cette capacité à repérer des astéroïdes beaucoup plus petits à une telle distance pourrait transformer la façon dont nous protégeons notre planète. D’ordinaire, les astronomes ne peuvent en effet repérer de tels objets qu’une fois qu’ils sont proches de la Terre. Le JWST ouvre donc une nouvelle possibilité : suivre les orbites de ces petits astéroïdes alors qu’ils sont encore à des centaines de millions de kilomètres. Cela permettrait d’améliorer les prévisions et d’anticiper des éventuelles menaces.
Cette découverte illustre à quel point l’analyse des données astronomiques peut révéler des surprises. Les astéroïdes, souvent considérés comme des parasites dans les études astronomiques, sont ici devenus le sujet principal.
