Itération majeure d’internet, nouveau joujou tech pour fils de famille gâtés ou fuite en avant, le nouveau Meta qui remplace Facebook Inc- regroupant Facebook, Whatsapp, Instagram, Oculus, Workplace, fait débat.
Metaverse, contraction de meta universe en anglais, est né sous de mauvaises auspices : délaissé par les ados en Europe, aux Etats-Unis et au Japon au profit de Tik Tok et autres Snapchat, Facebook est de plus en plus sous le feu de critiques, pour avoir choisi de se faire toujours plus de sous au détriment d’une modération efficiente de son réseau.
Parmi ses détracteurs, un ex employée de la maison, la lanceuse d’alerte Frances Haugen qui, après avoir témoigné au Congrès américain le 5 octobre dernier, a également mis en garde les députés français, il y a quelques jours, contre les projets du géant américain dans le « métaverse ». Selon elle, le « métaverse » permettra à Facebook de “rassembler des tonnes de nouvelles données sur vous”… C’est un problème important parce que c’est un problème de consentement ».
What’s the … META and then VERSE?
Metaverse, c’est quoi même ? C’est un projet qui veut créer un univers parallèle, entièrement virtuel, dans lequel l’internaute peut créer son avatar, un autre soi-même en image virtuelle, qui peut bouger, danser, assister à un concert ou à… une réunion professionnelle, sans bouger de chez soi, avec un casque de réalité virtuelle ! Et même de ressusciter votre chère mère décédée, pour peu qu’elle ait utilisé Facebook de son vivant. Les usages de cet univers sont infinis, au moins autant que les rentrées d’argent colossales attendues. Meta veut recruter 10 000 ingénieurs en Europe et investir la rondelette somme de 10 milliards de dollars américains.
La place de l’Afrique dans ce changement technologique et financier
Hormis le géant africain, le Nigéria, où Facebook est encore bien présent, le reste du continent est assez peu concerné par ces méga changements, même s’ils ne seront pas sans conséquences dans nos vies. C’est qu’il ne sera sûrement pas possible à Ameth de monter son business de réparation de chaussures sur Metavers, tout comme Mère Oumy aura du mal à se trouver un coin de rue virtuelle, pour y vendre son commerce en ligne. Ce n’est vraiment pas le genre de la maison !
Mais dans cette opération inédite par son ampleur à la fois technologique et financière, l’on ne peut manquer de se poser de savoir comment le promoteur de Metavers, Mark Zuckerberg va-t-il arriver à gérer les manquements aux données personnelles sur cette nouvelle plateforme, alors qu’il n’a pas pu résoudre ceux, pendants, au niveau de Facebook, qui est infiniment moins complexe ?
Sur les 55 pays en afrique, nous avons 32 qui ont une législation sur la protection des données personnelles et 20 ont mis en place une autorité administrative pour la protection des données personnelles 8 ont ratifié la convention de malabo sur 14 signatures au départ au moment où l’Europe adresse la question de la régulation des big tech avec des outils comme le digital markets act et le digital service act.
La réalité est que nos autorités ne sont pas trop solides pour prendre en compte le traitement que les grandes firmes internationales font de nos données personnelles. En rang dispersé, il sera très difficile de signifier quelque chose devant ces entreprises. Par ailleurs, nous avons souvent le problème de la maîtrise des questions du numérique par les dirigeants actuels. Du moins, les enjeux ne sont pas appréciés à leur juste valeur, il faut considérer le retard notoire concernant la mise à jour de la loi sénégalaise sur la protection des données personnelles pour s’en convaincre.
Alors quand nos Etats sont incapables de faire plier les géants du web en ce qui concerne le respect de la législation, il ne faut pas espérer grand chose pour le contrôle de ce qui se passera dans la metaverse. La meilleure réponse est de bloquer l’usage de la plateforme dans la zone afrique et de la conditionner à la conformité de Meta pour une meilleure protection des usagers.
Quelle est la législation sur Métaverse en cas d’infractions?
Vous savez quoi ? Le site « The Verge » rapporte que quelques jours après le lancement officiel de « Horizon Worlds », le métavers de Facebook (Meta), une jeune femme, qui participait à une séance de bêta-test, raconte avoir subi une « agression sexuelle »: son avatar a subi des attouchements de la part d’un autre avatar. Ambiance…
Dans ce monde virtuel complètement différent en son genre, quelle est la législation mise en place pour parer à d’éventuelles infractions relatives aux agressions? A l’usurpation d’identité? Vol de données? etc…
Plateforme nation: la cyber souveraineté menacée ?
Jamais la cyber souveraineté de nos pays n’aura été autant menacée, eu égard aux effets néfastes qui ne manqueront pas de se faire jour au contact de ce monde virtuel, pour nos enfants.
Devons-nous plonger nos enfants sans préparation dans un monde virtuel plus réel que notre présent voulu? Dans notre présent, nous avons des cimetières virtuels dont nous-mêmes en vie, nous ignorons leurs existences.
D’autant que les populations n’en ont pas fini avec les difficultés de tous ordres, le coronavirus, la mauvaise gouvernance, les difficultés économiques, le non-respect des droits humains, entre autres joyeusetés au quotidien.
Hosni Zaouali, consultant à l’université de Stanford (Etats-Unis) et Pdg d’Adaptika, rappelle aux uns et autres, que nous aurions tort de minimiser la menace : « [ Metavers ] ce sera gratuit, mais par contre rien n’est gratuit, vous leur donnez vos données, vous leur donnez comment vous réagissez, ils vont traquer vos yeux, votre comportement et vous donner de la gratification instantanée ».
« Le but de la plupart des applications en ligne, c’est de vous garder là. Pourquoi ? Parce que plus on vous garde, plus votre valeur financière monte. On va vous garder sur Métaverse, quoiqu’il en coûte et même aux dépens de votre santé », ajoute l’expert.
Et M. Zaouali d’interpeller les gouvernements : « Pensez à réguler ces géants de la Silicon Valley avant qu’eux, se mettent à créer une dictature digitale que vous ne pourrez plus contrôler ».
Cheikh Bamba Ndao
Digital Communication Consultant
Twitter: @publicheikh
Assistance technique: Emmanuel Diokh, cyber juriste – Mountaga Cissé, expert/formateur en nouveaux média
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