Selon une équipe d’archéologues, la pyramide de Gunung Padang n’aurait pas été entièrement construite par l’homme. En effet, l’existence de plusieurs couches situées sous la surface de la structure laisse penser qu’il ne s’agit pas d’une colline complètement naturelle.
Un noyau de lave naturelle
Rappelons tout d’abord que Gunung Padang, sur l’île de Java (Indonésie) est un site mégalithique situé à 885 mètres d’altitude, classé depuis 2014 par le gouvernement local sur une superficie de 29 hectares. La datation reste incertaine malgré plusieurs travaux archéologiques. Néanmoins, une étude publiée en fin d’année 2023 dans la revue Archaeological Prospection suggère que la partie la plus ancienne de la structure n’est pas entièrement le fruit du travail de l’humain.
Pour les chercheurs du National Research and Innovation Agency à Bandung, Gunung Padang n’est pas une colline naturelle, mais une construction pyramidale. Or, le noyau de la pyramide serait le résultat de la sculpture de lave andésitique (unité 4) enveloppée de couches de formations rocheuses (unités 1,2 et 3). L’étude montre que ces superpositions sont apparues à des périodes successives, entre 25 000 et 14 000 av. J.-C, ce qui signifie la présence à l’époque d’une ancienne civilisation avancée inconnue.
« Par la suite, Gunung Padang a été abandonné par les premiers constructeurs pendant des milliers d’années, ce qui a entraîné une érosion importante. Vers 7900-6100 av. J.-C., l’unité 3 a été délibérément enterrée avec d’importants remblais de terre. Environ un millénaire plus tard, entre 6 000 et 5 500 avant notre ère, un constructeur ultérieur est arrivé à Gunung Padang et a bâti l’unité 2. Enfin, le dernier constructeur est arrivé entre 2 000 et 1 100 avant notre ère, construisant l’unité 1« , peut-on lire dans l’étude.

Des techniques de maçonnerie avancées à Gunung Padang
Les archéologues soulignent le fait que les échantillons les plus anciens ne portent aucune trace d’activité humaine, par exemple du charbon de bois ou des fragments d’os. Cependant, il est question de preuves relatives à des techniques de maçonnerie avancées déjà présentes à une époque où l’agriculture n’avait pas encore fait son apparition dans le cas des unités 2 et 3. Or, ces capacités de maçonnerie jugées remarquables ne correspondent pas aux cultures traditionnelles des chasseurs-cueilleurs. De plus, l’enfouissement de la structure qui date d’il y a 9 000 ans amène davantage de questions, dont les réponses restent à découvrir. Selon les auteurs de l’étude, le site a été occupé très longtemps, si bien qu’il a été certainement modifié plusieurs fois.
Enfin, il faut savoir que cette étude ne permet pas d’atténuer la controverse autour de la datation du site. En effet, cette dernière suggère la présence d’une civilisation dans la région à cette époque reculée, l’une des premières civilisations connues, voire la première, avec celle de Göbekli Tepe dans l’actuelle Turquie.