Le changement climatique a des effets profonds et variés sur notre environnement. Parmi les phénomènes météorologiques les plus touchés, les éclairs occupent une place centrale. Ces décharges électriques spectaculaires, autrefois considérées comme des événements ponctuels, sont en effet désormais de plus en plus fréquentes et intenses à mesure que la planète se réchauffe. Ce phénomène soulève alors des préoccupations majeures non seulement en raison de son impact direct sur les écosystèmes et les infrastructures, mais aussi en raison de ses conséquences potentiellement dévastatrices pour les populations humaines. C’est en tout cas ce que montre de manière frappante un rapport sur la situation en Inde qui fait état d’un nombre en hausse de décès liés aux éclairs meurtriers.
Changement climatique et éclairs : un lien direct
Le changement climatique a un impact significatif sur la fréquence et l’intensité des éclairs. L’augmentation des températures mondiales entraîne plus d’évaporation et d’humidité dans l’atmosphère, ce qui favorise la formation de tempêtes. En raison du réchauffement global, l’augmentation de la chaleur comme de l’humidité augmente également l’instabilité atmosphérique. Cette instabilité favorise notamment la formation de cumulonimbus, les nuages responsables des orages, et donc des éclairs. Et si les avis divergent, diverses études prévoient une augmentation de 10 à 20 % des éclairs pour chaque degré Celsius supplémentaire de réchauffement.
Or, la survenue d’orages plus fréquents et intenses n’est pas sans conséquences. Déjà, les éclairs eux-mêmes ont des effets sur l’atmosphère, notamment en contribuant à la formation d’ozone troposphérique, un gaz à effet de serre qui peut aggraver le réchauffement climatique. Ainsi, les éclairs deviennent non seulement une conséquence du changement climatique, mais aussi un facteur qui pourrait l’amplifier. Néanmoins, cette intensification peut aussi et surtout provoquer davantage de feux de forêt dévastateurs, notamment dans les régions arides. Cela est particulièrement préoccupant dans des zones déjà vulnérables aux incendies comme la Californie ou l’Australie.
Enfin, une fréquence accrue d’éclairs peut aussi entraîner une augmentation des décès et des blessures liés à ces phénomènes, surtout dans les régions où les infrastructures sont insuffisantes pour protéger la population. Certaines zones sont ainsi touchées de plein fouet à l’instar de l’Inde qui vient de faire l’objet d’un rapport édifiant et inquiétant par l’Université Fakir Mohan dans l’Orissa (Est).

Des éclairs de plus en plus meurtriers pour les populations indiennes
Ainsi que le résume ce document publié en août 2024 dans la revue international Environment, Development and Sustainability qui visait à étudier le nombre de décès liés à la foudre entre 1967 et 2020 : « les résultats montrent une hausse régulière de l’activité de la foudre en Inde, la plaçant parmi les principales causes de mortalité dans les désastres naturels liés au changement climatique ». Les chiffres partagés sur cette période font ainsi état de 101 309 décès liés à la foudre sur le territoire avec une nette augmentation entre 2002 et 2020.
Comme l’expliquent les scientifiques, cette « tendance à la hausse, plus marquée sur les deux dernières décennies » se voit particulièrement lorsque l’on compare les morts par État sur la période allant de 1967 à 2002 à celles de 2003 à 2020. Si dans le premier cas, 38 décès annuels en moyenne ont été à déplorer à cause de ce phénomène naturel, les données plus récentes montrent un doublement avec 61 décès par an en moyenne. Près de 1 900 Indiens meurent ainsi foudroyés chaque année dans ce pays le plus peuplé du monde et dont la population croît toujours plus rapidement.
Dans le rapport, les chercheurs pointent tout particulièrement les effets du changement climatique, arguant que les chaleurs extrêmes peuvent aggraver la situation. En effet, le pays fait face à de fortes chaleurs persistantes. Par exemple, des températures étouffantes pouvant grimper jusqu’à 49 °C pendant plusieurs jours consécutifs ont été répertoriées dans la banlieue de Delhi en juin 2024. Et avec la mousson entre juin et septembre qui s’accompagne déjà habituellement d’éclairs déjà très présents (et cruciale pour remplir les réserves d’eau locales), les risques de frappes meurtrières augmentent drastiquement.
Une stratégie de protection à revoir complètement
En plus de sonner l’alerte sur un phénomène en nette augmentation, ce rapport souligne les lacunes dans le système d’alerte ainsi que de protection indien et évoque le manque de connaissances des populations locales en ce qui concerne les mesures pour se protéger de la foudre. En Inde, il n’est en effet pas rare que plusieurs personnes se fassent frapper en même temps, les paysans ayant tendance à se regrouper sous les arbres pour se ‘protéger’ avec alors des risques de blessures et de morts avérés.
Ce document, que vous pouvez consulter ici, insiste donc sur le besoin urgent d’un changement de politique pour réduire durablement la mortalité liée aux éclairs tueurs, à défaut de mesures pour une diminution des températures et la réduction du phénomène de changement climatique.