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Gisement de Mbalam-Nabeba : le permis d’exploiter octroyé à Cameroon Mining Company, une société liée à Bestway Finance

Gisement de Mbalam-Nabeba : le permis d’exploiter octroyé à Cameroon Mining Company, une société liée à Bestway Finance

  • samedi 10 septembre 2022
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(Agence Ecofin) - Une attribution qui suscite un certain nombre d’interrogations, quant à la capacité réelle du développeur à gérer un projet de cette envergure. Les estimations initiales du potentiel du gisement font état d’au moins 480 millions de minerai.


Mi-août 2022, le président Paul Biya signait un décret attribuant le permis d’exploitation du gisement de fer de Mbalam à la société Cameroon Mining Company Sarl (CMC). L’information révélée le 5 septembre par la junior-minière australienne Sundance Resources, premier développeur du projet, a été confirmée par des sources diverses au sein des administrations camerounaises impliquées dans le processus.


Créée seulement le 16 mars 2022, Cameroon Mining Company Sarl est, selon Sundance Resources, une filiale de Coconut Logic Holdings Pte Ltd. Ce véhicule d’investissements basé à Singapour contrôle également le capital de Bestway Finance, dirigée au Cameroun par Alexandre Mbiam, fils de l’avocat Emmanuel Mbiam. Créée fin 2020, Bestway Finance a déjà, en partenariat avec le Chinois AustSino, raflé tous les contrats d’infrastructures liés au projet de Mbalam (construction du chemin de fer de 510 km entre Mbalam et Kribi et concession du terminal minéralier du port en eau profonde de Kribi).


Du flou dans la procédure


Grâce au permis d’exploitation portant le numéro 2022/395, Bestway Finance et sa maison-mère prennent ainsi le contrôle total (volets minier et infrastructurel) du gigantesque projet minier de Mbalam-Nabeba (Cameroun et Congo-Brazzaville) comme Sundance Resources à l’époque. En effet, depuis 2021, le gouvernement congolais a éjecté de ce projet Congo Iron, filiale locale de Sundance Resources, au profit de Sangha Mining, une filiale de Bestway Finance.


De sources crédibles, l’attribution du permis à CMC Sarl est survenue après la signature, le 31 mars 2022, de la convention minière entre cette entreprise et l’État du Cameroun. Ce qui pousse Investir au Cameroun à se demander comment cette entreprise a réussi l’exploit, 2 semaines seulement après sa création, de signer une convention minière conditionnée par la présentation à l’État de rapports d’exploration actualisés, d’études de faisabilité et environnementales, etc.


En tout cas, selon Sundance Resources, « aucune preuve n’a été trouvée concernant cette convention ni sur des travaux antérieurs de Cameroon Mining Company » sur le projet minier de Mbalam-Nabeba. À moins que, suppute une source interne au secteur minier local, le bénéficiaire du permis d’exploitation se soit simplement inspiré des travaux antérieurs sur le projet, réalisés par Sundance Resources, pour obtenir sa convention minière.


Une telle hypothèse est propre à aggraver le contentieux ouvert devant une juridiction arbitrale internationale par Sundance, contre le Cameroun et le Congo. Ces deux États sont accusés d’avoir illégalement exclu la junior-minière australienne du projet, bien que cette dernière, pendant environ 7 ans et de nombreuses prolongations des délais de caducité des accords avec ces États, n’ait pas pu accrocher des partenaires financiers pour passer à la phase opérationnelle du projet.


Ces précédents qui préoccupent


Mais au-delà du flou qui entoure le processus ayant conduit à l’attribution du permis d’exploitation du gisement de fer de Mbalam-Nabeba à CMC Sarl, c’est la capacité de cette société minière à pouvoir effectivement réaliser ce gigantesque projet minier qu’il faut interroger. En effet, au Cameroun fleurissent depuis des années des entreprises minières très ambitieuses de prime abord, mais qui s’avèrent généralement être de simples spéculateurs, incapables de mener jusqu’au bout les projets à eux confiés.


Parmi les cas les plus prégnants, on peut citer Geovic Mining, une junior-minière américano-canadienne qui a longtemps entretenu l’espoir de l’exploitation du gisement de nickel, cobalt et manganèse de Nkamouna à l’Est du pays, projet toujours en berne depuis l’attribution du permis d’exploitation en 2003. Il y a quelques mois, Geovic a fini par céder ses actifs sur ce projet à Phoenix Mining, une junior-minière détentrice d’une licence dans une mine artisanale au Ghana.


C’est aussi le cas de la société américaine Hydromine qui, au début des années 2000, ambitionnait d’investir 5 000 milliards FCFA sur le gisement de bauxite de Minim-Martap, dans la partie septentrionale du pays. Face à son incapacité à le faire, le gouvernement camerounais a dû en juillet 2018, se résoudre à transférer les permis sur ce projet minier à l’Australien Canyon Resources. Ces permis ont été renouvelés en février 2022.


Pour rappel, le gisement de fer de Mbalam-Nabeba, écartelé entre le Cameroun et le Congo-Brazzaville, est une réserve de niveau mondial. Son schéma d’exploitation prévoit un déploiement en 2 phases. En première phase, Sundance Resources Ltd, premier développeur, tablait sur une production annuelle de 40 millions de tonnes de minerai à enfournement direct sur une période de 12 ans. La deuxième phase consistera à prolonger l’exploitation du gisement de plus de 15 ans, en produisant un concentré d’itabirite hématite à haute teneur. Mais pour en arriver là, des investissements globaux de plus de 5 000 milliards FCFA sont anticipés.


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