(Agence Ecofin) - Après deux semaines d’offensive militaire, les troupes fédérales d’Ethiopie ne seraient plus qu’à une centaine de kilomètres de Mekele, la capitale du Tigré. Pendant que les deux parties s’accusent mutuellement de « crimes graves », le TPLF affirme être déterminé à continuer le combat.
Le gouvernement fédéral d’Ethiopie a réitéré son appel à la reddition pacifique adressé aux dirigeants du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) après l’expiration, le mardi 17 novembre, du premier ultimatum fixé par le Premier ministre Ahmed Abiy (photo), rapporte l’Agence éthiopienne de presse.
Une nouvelle adresse faite alors que les troupes fédérales se rapprochent de la capitale de l’Etat régional du Tigré, Mekele, après une quinzaine de jours d’offensive militaire contre le TPLF.
Mercredi, le ministre d’Etat éthiopien des Affaires étrangères et porte-parole du groupe de travail d’urgence du gouvernement, Redwan Hussein, a déclaré à la presse que l’armée fédérale avait maintenant pris le contrôle de plusieurs villes du Tigré, dont Shire, au nord-ouest de Mekele, et Alamata, au sud de la ville.
« Ils se rapprochent, mais cela prendra environ 100 à 200 km dans plusieurs fronts », a-t-il déclaré.
Le chef d’Etat-major de l’armée fédérale, le général Birhanu Jula, a quant à lui, affirmé que les forces du TPLF avaient détruit quatre ponts sur la route de Mekele, afin d’empêcher l’avancée des troupes fédérales vers la ville. Des accusations rejetées par les forces tigréennes.
Le chef de l'armée éthiopienne a également accusé, sans toutefois donner des preuves, le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, de soutenir et d'essayer de fournir des armes et un soutien diplomatique au TPLF.
Pour sa part, le chef du TPLF, Debretsion Gebremichael, a confirmé à une chaîne de télévision locale que ses soldats avaient perdu le contrôle des villes au sud et à l'ouest du Tigré. Assurant toutefois que ce revers était temporaire et promettant de vaincre les troupes du Premier ministre Ahmed Abiy.
Il a par ailleurs, appelé tous les Tigréens, y compris les enfants, à se mobiliser et à se joindre à la « lutte ».
Accusations mutuelles de crimes contre les civils
Le gouvernement fédéral d’Ethiopie a émis des mandats d’arrêt contre les dirigeants du TPLF qu’il a accusés d’avoir commis des « crimes graves » contre les civils ; faisant notamment référence à des informations de meurtres ethniques dans la ville de Mai-Kadra, documentées par le groupe de défense des droits humains, Amnesty International cette semaine.
?? #Ethiopia: Amid emerging reports of mass killings in the town of Mai-Kadra, @mbachelet expresses increasing alarm at rapidly deteriorating situation in #Tigray: "I strongly urge both sides to realize that there will be no winner in such a situation" ? https://t.co/vClDLmDjYW pic.twitter.com/zwSNvYJo0U
— UN Human Rights (@UNHumanRights) November 13, 2020
Les survivants de l'attaque signalée ont déclaré aux chercheurs d'Amnesty que des milices affiliées au gouvernement régional local du Tigré avaient tué de nombreux - voire des centaines - de civils, dont certains étaient des Amharas de souche.
« Alors que nous entrons dans la phase finale des opérations de maintien de l'ordre contre ce groupe, nous souhaitons rappeler aux dirigeants de ce groupe que les atrocités qui ont été commises par leurs forces et leurs loyalistes dans des endroits comme Mai-Kadra constituent des crimes graves au regard du droit éthiopien et international », déclare un communiqué du gouvernement fédéral.
Ajoutant que « le gouvernement fédéral tient à réitérer son engagement à traduire en justice les responsables de tels crimes odieux ».
Gov’t Reaffirms to Uphold Rule of Law, Bring Perpetrators to Justice https://t.co/fehlLTrgXL via @Ethiopian News Agency pic.twitter.com/Zy6vQlCGzi
— Ethiopia News Agency (@EthiopianNewsA) November 18, 2020
Le TPLF a nié toute implication dans ces massacres, affirmant qu'il accueillera favorablement une enquête internationale indépendante.
A son tour, le TPLF accuse le gouvernement fédéral d’avoir visé des sites civils lors de bombardements aériens dans le Tigré, causant la mort de plusieurs personnes. Ce que nie également Addis-Abeba.
Selon l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR), plus de 27 000 personnes ont traversé la frontière pour rejoindre le Soudan depuis le début du conflit en Ethiopie.
Des milliers de personnes fuient actuellement la région du Tigré en Éthiopie pour se réfugier au Soudan. Elles arrivent épuisées, affamées, et ont besoin d'une aide immédiate.https://t.co/zj8L81uumc#réfugiés pic.twitter.com/d0btrMpHI8
— Le HCR (@Le_HCR) November 19, 2020
Le HCR alerte sur le fait qu’une crise humanitaire à grande échelle se profile, alors que des milliers de réfugiés fuient chaque jour, en quête de sécurité, les affrontements continus dans la région du Tigré en Ethiopie pour rejoindre l’est du Soudan. « Un afflux sans précédent depuis les deux dernières décennies dans cette partie du pays », indique l’Agence onusienne.
Borgia Kobri
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