La psychopathie, un trouble complexe, a toujours suscité l’intérêt des chercheurs, des criminologues et même du grand public. Si le diagnostic formel de cette pathologie requiert des évaluations approfondies et des tests spécialisés, certains signes subtils, tels que le regard ou les mouvements de tête, pourraient pourtant révéler la présence de traits psychopathiques. Une étude, parue dans le Journal of Research in Personality, s’est penchée sur ce phénomène en observant les comportements non verbaux de détenus lors de leurs entretiens. Les résultats sont surprenants et portent à réflexion.
L’importance des signes non verbaux
Le langage corporel joue un rôle crucial dans la communication interpersonnelle. Nous communiquons non seulement par des mots, mais aussi par nos gestes, nos regards, nos postures et, bien sûr, nos mouvements de tête. Ces éléments sont souvent considérés comme des indicateurs subconscients de nos pensées et émotions. Chez les psychopathes, ces comportements non verbaux pourraient se révéler encore plus significatifs, offrant un aperçu précieux de leur état mental et de leurs traits de caractère.
L’étude en question a été réalisée avec l’aide de l’intelligence artificielle pour observer les entretiens vidéo de 507 détenus masculins au Nouveau-Mexique. Les chercheurs ont cherché à analyser les mouvements de la tête pendant les interrogatoires, et les résultats ont montré des comportements surprenants chez les individus présentant des traits psychopathiques marqués.
Les chercheurs ont en effet constaté que les détenus ayant un score élevé sur l’échelle PCL-R, qui évalue les traits psychopathiques, tels que l’impulsivité, l’agression, et la manipulation, avaient tendance à garder la tête totalement immobile pendant les entretiens.
Mais alors, pourquoi un psychopathe resterait-il si immobile pendant une conversation ?
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Crédits : Motortion/istockUne stratégie délibérée pour maintenir le contrôle ?
Les mouvements de la tête, comme hocher la tête ou secouer la tête, servent généralement à exprimer l’accord, le désaccord, ou à réguler le rythme de la conversation. Ces gestes peuvent aussi refléter des émotions subtiles et faciliter la communication. Cependant, chez les psychopathes, l’absence de ces gestes pourrait être une stratégie délibérée pour éviter de révéler des émotions, renforçant ainsi leur contrôle sur la situation tout en maintenant une distance émotionnelle avec les autres.
Les chercheurs suggèrent également que la tête immobile chez les psychopathes pourrait être liée à des dysfonctionnements au niveau de l’amygdale, la partie du cerveau qui régule les émotions et les réactions sociales. Un dysfonctionnement de l’amygdale pourrait expliquer la difficulté des psychopathes à ressentir des émotions sociales classiques, comme la honte, la culpabilité ou même la compassion, et leur tendance à se montrer froids et distants dans leurs interactions.
Quelles applications concrètes ?
Bien que l’étude n’ait pas pour but de diagnostiquer les psychopathes uniquement sur la base de leurs mouvements de tête, les résultats pourraient avoir des implications importantes pour la psychologie criminelle et l’identification des psychopathes dans des contextes non cliniques, comme les interrogatoires policiers ou les entretiens en milieu carcéral. L’intelligence artificielle, utilisée ici pour suivre les mouvements physiques, pourrait améliorer les méthodes d’identification des comportements atypiques associés à la psychopathie, servant ainsi de complément aux tests psychométriques classiques.
De plus, cette recherche ouvre la voie à une meilleure compréhension des mécanismes neurologiques qui sous-tendent la psychopathie. Elle suggère que des troubles neurologiques, comme un dysfonctionnement de l’amygdale, peuvent influencer non seulement les émotions des psychopathes, mais aussi leur manière de se comporter socialement, ce qui pourrait conduire à de nouvelles stratégies de traitement et d’interventions.
