Aux États-Unis, une équipe de chercheurs pense avoir découvert un phénomène neurologique particulier qui se produit chez les personnes dans le coma. Selon les auteurs de l’étude, ce phénomène qui se produit pendant la nuit pourrait permettre de prévoir le retour à la conscience de ces personnes dans le coma.
La clé en cas de coma : les fuseaux de sommeil
Pour rappel, le coma est une perte de connaissance par définition non réversible par le biais de stimulations. Or, dans la mesure où les patients sont incapables de réagir aux stimulations extérieures, les médecins sont tout aussi incapables de prévoir quand ces personnes seront à même de retrouver leurs esprits. De plus, il est également très difficile d’évaluer de manière précise le niveau de conscience des patients qui se trouvent dans cet état. Et s’il était tout de même possible de savoir quand ces personnes pourront retrouver leur état normal ? Une équipe de chercheurs du centre médical Irving de l’Université Columbia (États-Unis) pense avoir découvert une piste sérieuse, comme en témoigne une publication dans la revue Nature Medicine le 3 mars 2025. Selon les auteurs, certaines activités cérébrales intervenant principalement pendant le sommeil pourraient annoncer un potentiel retour à la réalité.
Dans la plupart des cas, nous comparons les personnes comateuses avec celles qui se trouvent dans un sommeil profond. Néanmoins, cette comparaison ne va pas plus loin dans la mesure où plongé dans le coma, le cerveau humain ne suit pas les cycles habituels de sommeil. Selon les chercheurs, il existe tout de même un biomarqueur neurophysiologique spécifique, à savoir les fuseaux de sommeil. Or, leur présence chez les patients dans le coma serait un indicateur. Les auteurs ont pratiqué des tests de dissociation cognitivo-motrice (DCM) par électroencéphalographie (EEG) sur 226 patients afin de mettre en lumière ces fuseaux de sommeil. Il s’agit d’oscillations cérébrales caractéristiques, dont la fréquence se situe entre 12 et 16 Hz et dont la durée est de 0,5 à 2 secondes.
Vers une médecine prédictive du sommeil ?
Les fuseaux de sommeil, qui apparaissent habituellement lors des phases 2 et 3 du sommeil lent, sont une signature électrophysiologique qui se distingue des circuits neuronaux. Ils montrent que les réseaux de neurones fonctionnent encore, notamment les zones du cerveau impliquées dans la mémoire et la perception. Autrement dit, le cerveau conserve potentiellement une activité de récupération de la conscience, et ce, même dans un état comateux. Les chercheurs ont aussi évalué l’ordre dans lequel apparaissent ces signes de récupération et les premiers se déclarent environ quatre jours avant la réaction comportementale à des tests standards. Ainsi, le cerveau serait à même de préparer son retour en amont de tests plus classiques.
Les auteurs de l’étude ont également établi des critères afin de reconnaître ces signaux, en termes d’amplitude et de durée. Selon les résultats, 40 % des personnes testées ont montré des signes de récupération de conscience à la suite des premiers signaux et 75 % ont récupéré une large part de leurs fonctions cérébrales durant l’année ayant suivi les tests. Rappelons également que ces ondes cérébrales proviennent de la communication entre le thalamus et le cortex. Or, la présence de ces ondes témoigne du bon fonctionnement de cette voie de communication essentielle à la conscience.
Enfin, ces travaux pourraient ouvrir la voie vers une médecine prédictive du sommeil. Si pour l’instant, la détection des fuseaux de sommeil ne peut faire office de traitement et n’est pas encore assez précise pour établir des prédictions, cela reste un indice crucial. Dans un premier temps, les chercheurs désirent tenter une combinaison entre cette méthode et d’autres tests afin d’améliorer la détection des signes de conscience, voire davantage. Peut-être qu’un jour, il sera possible de manipuler des ondes cérébrales pour augmenter les chances des patients de revenir du coma.
