Une étude soulève la possibilité intrigante que le Sphinx, célèbre monument vieux de 4 500 ans situé à Gizeh devant la pyramide de Khéphren, n’ait pas été construit entièrement à partir de zéro. Il est en effet possible que l’érosion du vent ait fait ressembler l’élément rocheux de départ à un sphinx. Les anciens Égyptiens auraient ensuite retravaillé la structure pour en faire un monument emblématique.
Une incroyable structure
Le Sphinx est l’un des trésors architecturaux les plus célèbres de l’antiquité. Imaginez une énorme tête humaine coiffée d’un némès (un couvre-chef royal égyptien) rattachée à un corps de lion couché (symbole de la force et de la royauté). La structure mesure environ 73,5 mètres de long et 20 mètres de haut, avec une tête d’une hauteur d’environ six mètres. Cette statue massive est taillée directement dans la roche calcaire du plateau de Gizeh.
Le Sphinx, généralement daté de l’Ancien Empire égyptien, vers 2 500 avant notre ère, a été interprété de différentes manières au fil de l’histoire égyptienne. Il est généralement considéré comme un gardien protecteur des pyramides et du plateau de Gizeh. Certains chercheurs pensent également que la combinaison de la tête humaine et du corps de lion représente la fusion de la sagesse humaine et de la force animale.
La signification, l’origine et la construction de cette incroyable structure, qui suscite l’admiration depuis des siècles, continuent cependant d’interroger les chercheurs. Récemment, une équipe de l’Université de New York a ravivé l’intérêt pour le Sphinx en suggérant une hypothèse intrigante : ce dernier pourrait ne pas avoir été entièrement construit par les anciens Égyptiens, mais aurait pu être érigé sur un élément naturel en forme de sphinx déjà existant.
Le rôle de l’érosion
Dans le détail, les chercheurs se sont penchés sur la possibilité qu’une formation géologique appelée « yardang », une crête rocheuse sculptée par le vent émergeant du sol, ait pu naturellement évoluer pour ressembler à un sphinx au fil du temps.
Pour tester cette hypothèse, l’équipe de recherche a réalisé une expérience en utilisant un monticule d’argile molle contenant un matériau plus dur. Ils ont ensuite placé cet amas d’argile dans un tunnel d’eau équipé d’un courant rapide pour simuler les effets de l’érosion éolienne sur une longue période.
Au début de l’expérience, l’équipe a façonné l’argile en une forme de « demi-ellipsoïde » ou une moitié d’ovale. À mesure que l’eau érodait progressivement l’argile, celle-ci aurait laissé derrière elle une formation qui ressemblait effectivement à un sphinx, avec le matériau plus dur devenant la « tête » du lion et des traits frontaux qui suggéraient un cou et des pattes.
Selon Leif Ristroph, principal auteur de ces travaux, cette expérience montre que le processus naturel d’érosion pourrait effectivement avoir sculpté une forme qui ressemble à un lion couché avec la tête relevée. Cependant, le chercheur souligne que les anciens Égyptiens auraient tout de même dû façonner délicatement les caractéristiques les plus emblématiques du Sphinx qui ont survécu jusqu’à nos jours.
Les égyptologues et d’autres scientifiques non impliqués dans cette étude ont réagi avec intérêt à ses conclusions, tandis que d’autres ont exprimé leur scepticisme. Cette étude ouvre ainsi la voie à une énième réflexion stimulante sur l’origine et la construction du Sphinx.
Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Physical Review Fluids.
