Dans le cadre d’une récente étude, des chercheurs ont fait la démonstration d’un impact sur la faune sauvage en l’exposant à des médicaments provenant de la consommation humaine. En Suède, un anxiolytique a poussé des saumons à modifier leur façon de migrer.
Une meilleure migration mais…
Le rejet massif de médicaments de consommation humaine dans la nature n’est pas un sujet très souvent présent dans les médias. En 2022 cependant, une étude britannique avait permis de comprendre l’ampleur de la pollution médicamenteuse des rivières et ce, à l’échelle mondiale. Antidépresseurs, antibiotiques, anxiolytiques etc., tout autant de médicaments qui bien après leur utilisation, poursuivent leur chemin dans l’environnement. Les sources de ce type de pollution sont nombreuses : élimination par nos urines et excréments, mauvais traitement des eaux usées, rejets industriels ou encore, simples erreurs de tri.
Une équipe de l’Université des sciences agricoles à Umeå (Suède) a mené une experience dans la rivière Dal, dans le centre du pays. Les chercheurs ont exposé des jeunes saumons atlantiques à de faibles doses de clobazam, un anxiolytique commun. Pour les besoins du test, les poissons ont été équipés de dispositifs diffusant la molécule dans leur organisme et des traceurs miniatures ont permis de suivre les saumons à la trace.
Selon les résultats publiés dans la revue Science le 10 avril 2025, le clobazam augmente le succès de la migration du fleuve vers la mer. En effet, un plus grand nombre de saumons traités ont atteint la mer Baltique, en comparaison aux saumons habituels.

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Crédits : Motortion / iStock…des saumons plus intrépides
Au-delà de l’amélioration de la migration, les meneurs de l’étude ont observé certaines perturbation au niveau du comportement, comme l’altération du « comportement de banc », une stratégie consistant à nager en groupe afin de limiter les attaques de prédateurs. Les chercheurs ont donc observé des groupes moins serrés et moins synchronisés, laissant penser que cette modification peut expliquer l’augmentation du succès de la migration. Le médicament aurait diminué la prudence et le sens du danger des saumons et ainsi, les aurait rendu plus intrépides. Ainsi, les poissons se sont engagés plus rapidement dans leur migration, malgré une exposition plus prononcée aux prédateurs.
Pour rappel, environ un millier de molécules pharmaceutiques sont présentes dans la nature, un phénomène n’épargnant aucune région. Or, malgré des décennies d’accumulation de données scientifiques, rien n’est encore fait pour optimiser le filtrage de ces substances provenant principalement des eaux usées domestiques, des stations d’épuration, des rejets industriels mais également, des élevages agricoles.