(Agence Ecofin) - Mises de côté à cause de la situation politique du pays marquée par plusieurs années de conflit armé, les industries du divertissement se sont naturellement mises en pause. La récente diffusion en salle de deux courts métrages a lancé le processus de réanimation de ce secteur.
La population somalienne a pu, pour la première fois depuis 30 ans, retourner voir des projections de films en salle. Le jeudi 23 septembre, les cinéphiles présents au Théâtre national de Mogadiscio, cadeau du dirigeant chinois Mao Zedong inauguré en 1967, ont suivi deux productions dont les histoires ont été écrites par la scénariste Kaif Jama, âgée de 24 ans. Pour suivre les films « Hoos » et « Date from Hel », chaque spectateur a dû payer l’équivalent de 10 dollars.
« Cela a une signification pour tout le monde, y compris pour moi. C'est pour tous ceux qui veulent faire des films en Somalie », s’est réjouie Kaif Jama. La scénariste a quitté la Somalie à l'âge de six ans et a vécu entre le Kenya et l'Ouganda avant de s'installer au Caire à 19 ans. Depuis lors, elle a collaboré sur 60 courts métrages et sketches avec le cinéaste somalien Ibrahim CM. La projection a néanmoins gardé d’importantes traces du climat politique local. La salle était quadrillée par les forces de l’ordre et chaque spectateur a dû passer par plusieurs lignes de contrôle avant d’avoir accès à son siège.
Malgré tout, l’industrie du cinéma local, et avec elle celle de l’audiovisuel et du divertissement en général, veut se remettre en marche, en dépit des conflits armés. « Les Somaliens ont passé des années à regarder des films indiens et arabes à la télévision. Si nos films sont diffusés dans les salles de cinéma et à la télévision, chaque Somalien sera façonné et influencé par sa propre culture », plaide Kaif Jama.
Servan Ahougnon
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