Le Maroc est une véritable mine d’or pour les paléontologues. Après la découverte du plus ancien ankylosaure et de l’un des plus vieux stégosaures, une équipe de chercheurs vient de mettre au jour un fossile exceptionnel : le plus ancien dinosaure cérapode jamais découvert. Cette trouvaille, réalisée dans les montagnes du Moyen Atlas, permet d’éclairer un pan méconnu de l’histoire évolutive des dinosaures herbivores.
Un dinosaure vieux de 168 millions d’années
C’est au cœur de la formation El Mers III, une région marocaine riche en fossiles, que les paléontologues ont exhumé un fémur fossilisé appartenant à un cérapode. Ce groupe de dinosaures, qui regroupe notamment les célèbres iguanodons et les hadrosaures (ou « dinosaures à bec de canard »), était bipède et herbivore. Il appartenait à la grande famille des ornithischiens, ces dinosaures caractérisés par un bassin semblable à celui des oiseaux.
Selon les analyses, le fossile découvert remonte à environ 168 millions d’années, ce qui en fait le plus ancien dinosaure jamais découvert au Maroc, mais aussi le plus ancien cérapode jamais identifié. Jusqu’à présent, le plus vieux fossile connu de ce groupe provenait du Royaume-Uni et était plus jeune de deux millions d’années.
Cette découverte constitue une avancée majeure, car elle comble une lacune dans notre compréhension de l’évolution des dinosaures herbivores. Elle confirme en effet que les cérapodes se sont diversifiés bien plus tôt qu’on ne le pensait.
Un fossile qui éclaire l’histoire des cérapodes
Jusqu’à présent, les preuves de l’existence des cérapodes au Jurassique moyen (environ 174 à 163 millions d’années avant notre ère) étaient rares et fragmentaires. Des empreintes fossilisées avaient bien été retrouvées, mais les preuves squelettiques manquaient cruellement.
Avec ce fémur fossilisé, les chercheurs disposent enfin d’un élément anatomique clé qui permet d’identifier avec certitude ce dinosaure. L’os présente en effet des caractéristiques distinctives, notamment une rainure spécifique sur sa surface postérieure, ainsi qu’une tête fémorale décalée qui est typique des cérapodes.
Cette découverte, publiée dans la revue Royal Society Open Science, suggère que d’autres fossiles de cérapodes sont probablement enfouis dans les montagnes du Moyen Atlas et que le Maroc pourrait livrer encore de nombreuses surprises aux paléontologues.

Un site paléontologique d’une richesse exceptionnelle
Ce n’est pas la première fois que la formation El Mers III livre une découverte majeure. Elle est d’ailleurs aujourd’hui considérée comme l’un des sites les plus importants au monde pour l’étude des dinosaures du Jurassique moyen.
En effet, cette même région a déjà révélé les fossiles des plus anciens ankylosaures, ces dinosaures cuirassés dotés d’une queue défensive, ainsi que l’un des plus vieux stégosaures qui sont reconnaissables à leurs plaques dorsales emblématiques.
Cette accumulation de trouvailles suggère que le Maroc était un véritable foyer de diversification des dinosaures à cette époque. Alors que les données fossiles sur cette période restent limitées à l’échelle mondiale, les chercheurs espèrent que d’autres fouilles permettront de mieux comprendre comment ces dinosaures ont évolué et se sont répandus sur la planète.