En Autriche, des scientifiques ont mis à jour les restes de cinq mammouths laineux, vieux de 25 000 ans. Ces ossements, qui portent les traces d’une activité humaine intense, fournissent un aperçu fascinant de la manière dont nos ancêtres du Paléolithique interagissaient avec ces gigantesques créatures disparues.
Une chasse méthodique et stratégique
Les mammouths laineux, ces géants au corps couvert de fourrure, mesuraient environ 3,5 mètres de haut et étaient dotés de longues défenses recourbées. Ces animaux étaient essentiels pour les chasseurs-cueilleurs du Paléolithique, fournissant nourriture, matériaux pour fabriquer des outils, ainsi que des peaux pour se protéger du froid. Mais cette découverte ne se limite pas à la simple identification des restes de mammouths. Ce qui la rend particulièrement précieuse, c’est la présence évidente de marques laissées par des outils humains, indiquant que ces animaux ont été chassés, puis exploités de manière systématique.
La découverte a été faite dans une région située à environ 65 kilomètres à l’ouest de Vienne, sur le site de Langmannersdorf. L’équipe de chercheurs a identifié deux zones distinctes où les ossements ont été retrouvés. Dans la première zone, plusieurs individus de mammouths étaient empilés, certains portant des marques et cicatrices, preuves que les outils en pierre humains ont été utilisés pour les dépecer. Les archéologues ont également trouvé des outils de pierre éparpillés autour des restes, suggérant que ces objets servaient à découper la viande ou à traiter les os et autres parties des mammouths.
La fabrication d’outils et d’objets à partir de l’ivoire
Dans la deuxième zone, les chercheurs ont trouvé des morceaux d’ivoire de mammouth séparés des ossements, ce qui indique que les humains anciens utilisaient ces matériaux pour fabriquer des objets. Ces morceaux d’ivoire pouvaient servir à créer des pointes de lance, des ornementations ou des instruments utilisés pour d’autres tâches quotidiennes. L’exploitation de l’ivoire de mammouth est bien documentée dans d’autres sites archéologiques, mais cette découverte en Autriche offre un nouvel éclairage sur les pratiques de transformation des ressources naturelles par les humains de cette époque.
Cette découverte a aussi des implications pour la compréhension des migrations des mammouths pendant la dernière période glaciaire. Selon les chercheurs, les troupeaux de mammouths traversaient la vallée de Perschling en Autriche, suivant un chemin migratoire annuel. Cette région semble avoir été un lieu de prédilection pour les chasseurs de mammouths, qui savaient précisément quand et où les animaux passaient.

Un regard sur le passé, un enjeu pour l’avenir
Ce genre de découverte ne fait pas que satisfaire la curiosité des archéologues. Elle nous offre un éclairage précieux sur les modes de vie des humains anciens et sur leur relation avec les espèces animales qu’ils chassaient. La chasse au mammouth était un processus complexe et bien organisé, impliquant une connaissance approfondie du comportement de ces animaux et des stratégies adaptées pour les capturer.
En étudiant ces vestiges, les chercheurs espèrent non seulement mieux comprendre l’histoire de la chasse aux mammouths, mais aussi approfondir notre compréhension de l’évolution de l’Homme. Les mammouths laineux ont disparu il y a environ 10 000 ans, mais cette découverte rappelle que l’impact des activités humaines sur les espèces animales a commencé bien avant l’ère moderne.
Les chercheurs de l’Institut archéologique autrichien continueront à étudier les restes trouvés à Langmannersdorf, en collaboration avec d’autres experts de l’ÖAW (Académie autrichienne des sciences). Les ossements, les défenses et les outils en pierre seront soigneusement conservés et exposés au Musée d’histoire naturelle de Vienne, afin de mieux comprendre la vie de ces géants du passé et la manière dont nos ancêtres les ont chassés et transformés.