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Des lasers révèlent des motifs cachés dans les tatouages ​​de momies

Des lasers révèlent des motifs cachés dans les tatouages ​​de momies

  • mardi 14 janvier 2025
  • 22

Les tatouages anciens suscitent un intérêt particulier chez les archéologues, car ils offrent une fenêtre rare sur les croyances, les rituels et les pratiques sociales de peuples disparus. Une découverte met en lumière des tatouages anciens sur des momies de la civilisation Chancay, au Pérou, grâce à une technique innovante : la fluorescence stimulée par laser (LSF). Cette méthode, qui permet de révéler des détails invisibles à l’œil nu, pourrait bouleverser notre compréhension des tatouages anciens et de leur signification culturelle. 


Une découverte révolutionnaire : la technique LSF

La fluorescence stimulée par laser (LSF) est une technologie de pointe qui permet de capturer des détails subtils des tatouages sur des momies. La technique fonctionne en exposant la peau à un faisceau laser qui fait fluorescer les encres à base de carbone des tatouages, les rendant visibles sous forme de motifs nets et lumineux. Cela permet de contourner un problème majeur des tatouages anciens : l’effacement progressif des dessins causé par l’usure du temps et la dégradation de la peau.

Dans l’étude menée par Michael Pittman et ses collègues, cette technologie a été utilisée pour analyser plus de 100 restes humains momifiés de la culture Chancay, une civilisation qui prospéra sur la côte centrale du Pérou entre 900 et 1533 après J.-C. Sur ces momies, seuls trois individus ont révélé des tatouages particulièrement détaillés. Les motifs retrouvés sont principalement géométriques et comprennent des triangles, une forme fréquemment utilisée dans l’art Chancay, ainsi que des éléments similaires à ceux observés dans leurs poteries et textiles.

Les tatouages trouvés sur les momies étaient extrêmement fins, avec des lignes ne mesurant que 0,1 à 0,2 mm d’épaisseur. Cette précision témoigne non seulement de la compétence des tatoueurs Chancay, mais aussi de la complexité des pratiques artistiques de cette culture.


Ces découvertes montrent l’énorme potentiel de la LSF pour révéler des détails qui étaient jusqu’alors invisibles, offrant ainsi un aperçu précieux de la culture artistique et symbolique de cette civilisation. Selon Kasia Szremski, archéologue spécialiste des cultures andines, les tatouages étaient souvent utilisés comme marqueurs de statut social. Ces symboles pourraient avoir servi à identifier des classes ou à marquer des individus particuliers au sein de la communauté, bien que leur signification exacte reste encore floue.

Des experts partagés sur cette méthode d’étude des tatouages anciens

Malgré l’enthousiasme suscité par cette découverte, la nouvelle méthode de fluorescence stimulée par laser n’a pas fait l’unanimité parmi les chercheurs. Aaron Deter-Wolf, un expert en tatouages anciens, exprime notamment des doutes quant à l’efficacité de la technique et souligne que d’autres méthodes, telles que l’imagerie infrarouge ou multispectrale, sont déjà utilisées pour analyser les tatouages anciens. Selon lui, l’étude n’apporte pas suffisamment d’éléments pour justifier une révolution technologique dans le domaine de l’archéologie des tatouages. De plus, Deter-Wolf remet en question l’interprétation des chercheurs sur la méthode utilisée pour réaliser les tatouages, suggérant que ces derniers auraient pu être créés par incision plutôt que par perforation comme l’ont affirmé les auteurs de l’étude.

Toutefois, les partisans de la LSF soulignent que cette technologie offre des avantages significatifs par rapport aux méthodes classiques. En effet, elle permet d’obtenir des images beaucoup plus détaillées et nettes des tatouages, même lorsqu’ils sont vieux de plusieurs siècles. L’un des plus grands avantages de la LSF est qu’elle surmonte les difficultés liées à la dégradation des tatouages au fil du temps, un problème commun dans l’étude des momies et des restes humains. Bien que les critiques soulignent la nécessité d’une comparaison plus approfondie avec d’autres techniques existantes, il est donc évident que la LSF ouvre de nouvelles perspectives pour les chercheurs intéressés par l’étude des tatouages anciens.


tatouages momies
Un tatouage sur l’avant-bras est représenté en noir sur une peau plus claire fluorescente sous la technologie LSF. Crédits : Michael Pittman et Thomas G Kaye

Les implications pour l’étude des civilisations anciennes

Au-delà de la polémique sur l’efficacité de la LSF, cette découverte est importante, car elle permet de mieux comprendre les pratiques culturelles de la civilisation Chancay et, par extension, celles d’autres civilisations anciennes.

L’application de la LSF à l’analyse des collections de musées et de sites archéologiques pourrait permettre de découvrir des tatouages qui étaient jusque-là invisibles. Cette démarche de réévaluation avec de nouvelles technologies pourrait ouvrir la voie à une meilleure compréhension des gestes et des symboles qui étaient importants pour nos ancêtres. De plus, elle met en lumière l’importance de la préservation et de l’étude des artefacts anciens non seulement pour les archéologues, mais aussi pour les générations futures qui chercheront à comprendre l’histoire humaine à travers ses traces les plus subtiles.

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